Le projet républicain de détricotage de la loi sur la couverture maladie de Barack Obama semblait mort, lundi soir, après la défection de trois sénateurs de la majorité, mettant une nouvelle fois en échec une promesse ancienne du parti et du président Donald Trump.
Après John McCain et Rand Paul, c'est une modérée, Susan Collins, qui a annoncé son opposition, reprochant à sa majorité une proposition de loi bâclée et aux conséquences graves pour les patients. « Cela aurait un impact négatif important sur le nombre de gens couverts par une assurance », a-t-elle déclaré.
L'arithmétique du Sénat, chambre haute du Congrès, est cruelle pour Donald Trump, qui s'en plaint publiquement. Les républicains n'y ayant que 52 sièges sur 100, ces trois défections, à moins d'un changement d'avis, suffiraient à faire échouer le vote que les chefs de la majorité espéraient convoquer à la fin de cette semaine, avant la fin de l'année budgétaire 2017.
Déjà en juillet, une mouture précédente de la réforme républicaine avait échoué à une voix près, provoquant l'ire de Donald Trump, qui avait promis de débarrasser le pays d'Obamacare. Mais depuis huit mois, jamais la majorité n'est parvenue à élaborer un compromis capable de rassembler à la fois ses membres modérés et les plus conservateurs.
Des millions de personnes supplémentaires sans couverture santé
« C'est désolant », s'est lamenté Donald Trump, qui a ciblé John McCain. « McCain a donné une vraie gifle au parti républicain, sans lui, nous aurions déjà notre réforme santé », a réagi le président américain.
Le coup de grâce a été donné par le Bureau du budget du Congrès (CBO), qui a publié lundi une analyse alarmante sur la proposition de loi républicaine, dite Graham-Cassidy. Selon les économistes du CBO, des « millions » de personnes supplémentaires seraient poussées hors des systèmes de couverture maladie par cette réforme.
Le plan républicain consiste à transférer aux États une partie du budget fédéral de la santé, tout en réduisant les crédits. Il autoriserait les autorités locales à déréglementer le marché privé des assurances santé, quitte à supprimer des garde-fous imposés par Obamacare pour garantir un niveau de remboursement ou la couverture de certains soins essentiels. Une coalition de médecins, d'associations de malades, de compagnies d'assurances et d'élus démocrates s'est mobilisée ces derniers mois contre le plan.
Environ 10 % des 273 millions d'Américains de moins de 65 ans vivent actuellement sans couverture maladie, un point bas historique. Cette proportion était de 18 % en 2010, l'année de l'adoption d'Obamacare.
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