Les représentants de près de 50 pays se sont engagés à Bruxelles ce 2 mars à débloquer quelque 181 millions d'euros en faveur des droits des femmes dans le monde, afin de compenser la politique anti-avortement du président américain Donald Trump. Fin janvier, le nouveau locataire de la Maison Blanche a signé un décret interdisant le financement, par des fonds fédéraux d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement (une mesure mise en place sous le républicain Ronald Reagan en 1984, annulée par Bill Clinton, rétablie par George W. Bush et de nouveau supprimée par Barack Obama). Le manque à gagner pour ces ONG est estimé à 600 millions d'euros, selon les Pays-Bas.
« Je pense que la décision de l'administration Trump est une mauvaise décision. Et je n'ai vu aucun argument en faveur de cette décision », a résumé le vice-Premier ministre belge et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, en ouverture de la conférence des donateurs « She decides », organisée par la Belgique, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark.
La Suède a promis une enveloppe de 21 millions d'euros, la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas se sont chacun engagés à hauteur de 10 millions d'euros. La France et le Royaume-Uni ont demandé un délai supplémentaire tout en réitérant leur engagement en faveur des droits des femmes.
« Nous continuerons (à soutenir) "She Decides" dans les années à venir », a assuré la ministre néerlandaise Lilianne Ploumen. « Deux millions de filles accouchent avant l'âge de 15 ans. Et 62 millions de filles ne vont pas à l'école, beaucoup d'entre elles parce qu'elles sont déjà mères ou mariées (...). Ces femmes et ces filles ont besoin de plus de soutien », a souligné son homologue suédoise, Isabella Lövin.
Des médecins, défenseurs de la santé sexuelle
Les décrets de Donald Trump n'ont pas manqué de faire réagir plusieurs scientifiques et médecins. Celui-ci ne fait pas exception. Le Pr Daniel Grossman (service de gynécologie obstétrique de l'Université de Californie, à San Francisco) dénonce dans un éditorial publié dans le « Journal of family planning and reproductive health care » le 2 mars un retour en arrière dans les progrès réalisés cette dernière décennie, en termes de contraception et de réduction de grossesses involontaires. Il observe notamment que loin de lutter contre l'avortement (objectif affiché), l'assèchement des financements des ONG défendant un accès aux soins et développement les moyens de contraception entraîne mécaniquement l'augmentation des IVG.
Malgré les déclarations très hostiles de Trump à l'encontre de l'arrêt « Roe V. Wade » qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis, et la nomination de plusieurs ministres anti-IVG, le Pr Grossman ne croit pas possible l'abrogation de cette mesure. Néanmoins « les menaces qui pèsent sur l'accès à l'IVG ne doivent pas être minimisées », écrit-il, redoutant que certains États en profitent pour faire passer des lois restrictives relatives à l'IVG et à la contraception. Au détriment des Américaines les plus défavorisées. Et de dénoncer vivement comme beaucoup de ses pairs toute abrogation de l'Obamacare.
« En tant que médecins et spécialistes de la santé des femmes, nous avons un rôle crucial à jouer : élever la voix pour défendre la médecine fondée sur les preuves, qui ne doit pas être entravée par l'ingérence du politique », conclut le Pr Grossman.
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