LE QUOTIDIEN. Quelle est la principale raison pour laquelle vous n'avez pas signé ce manifeste ?
PR BERNARD HEDON. Elle concerne le quatrième point qui demande la levée de l'interdit du don de sperme pour une femme célibataire (sans préjuger de son mode relationnel actuel ou futur, homo ou hétérosexuel). J'estime en effet que le don de sperme pour les femmes homosexuelles n'est pas un sujet médical mais un sujet de société. Nous n'avons pas, nous les médecins, d'autorité particulière pour intervenir. En outre, même si le texte ne concerne que le don pour une femme célibataire, cela ouvre la porte à la GPA, notamment pour les hommes homosexuels. Au CNGOF, nous œuvrons pour la santé de la femme, nous estimons que la grossesse est un moment délicat et permettre à une patiente de porter un enfant pour quelqu'un d'autre pose de sérieuses questions médicales. C'est une décision qui doit être politique et, à mon sens, le moment n'est pas adapté. Force est de constater qu'à l'heure actuelle il y a une paralysie totale sur les sujets de société.
Êtes-vous d'accord pour dire que l'information sur le don d'ovocytes est défaillante ?
Je suis complètement en faveur de l'extension du don d'ovocytes, mais les solutions préconisées (publicité, dédommagement des donneuses…) ne sont pas adaptées à notre système de santé et aux relations avec l'Assurance-maladie et le remboursement des soins. L'Espagne répond bien plus largement au besoin de dons. En raison de sa législation plus souple, les donneuses peuvent être rémunérées. Cela leur permet d’avoir un esprit d’entreprise, qui ne peut pas se développer de la même façon chez nous. Ce n'est pas une critique, je fais seulement le constat que les soins marginaux ont du mal à s'implanter dans notre pays. Ce ne sont pas les campagnes d'information qui régleront le problème.
Au CNGOF, nous nous positionnons également sur la conservation des ovocytes qui pour l'instant ne peut être pratiquée en France uniquement que si la femme présente une pathologie à risque pour sa fertilité. C'est à mon avis un peu ambigu, voire hypocrite comme motivation. Chez l'homme, une petite alerte sur le spermogramme entraîne la conservation du sperme !
L'analyse génétique de l'embryon avant transfert utérin semble cohérente quand on sait que plus de 60 % des embryons transférés ont des anomalies génétiques graves ou sont non viables sur un plan métabolique. Qu'en pensez-vous ?
Je n'ai aucune critique sur ce point. Je pense que c'est une évolution intéressante. Trop de freins existent qui créent des solutions non acceptables sur le plan éthique. Prenons, parmi tant d'autres, l'exemple d'une femme qui a donné naissance par FIV à des garçons présentant une maladie génétique portée par le chromosome Y. Cette femme désire une troisième grossesse mais, évidemment, voudrait être certaine que l'embryon implanté donne naissance à une fille. Or, nous n'avons pas le droit de choisir l'embryon féminin… Imaginez l'angoisse de cette femme !
Pour conclure, j'insiste sur le fait que nous sommes des médecins préoccupés par la santé des femmes. Sachons donner l'alerte tout en ne nous substituant pas aux décisions politiques.
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