Marché du médicament

Biosimilaires : rôle clé de l'hôpital, percée timide en ville

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Publié le 19/09/2019
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Les biosimilaires, prescrits principalement à l'hôpital, peinent à s'implanter en ville, démontre une étude. Une stratégie de prix bas à l'hôpital peut favoriser leur implantation indirecte sur le marché libéral.
Des traitements initiés ou modifiés à l'hôpital se poursuivent en ville

Des traitements initiés ou modifiés à l'hôpital se poursuivent en ville
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Pour réguler le poste du médicament, un des enjeux porte sur le déploiement des médicaments similaires – ces équivalents 20 à 30 % moins chers de médicaments biologiques (dont de nombreux vaccins, anticorps, hormones et facteurs de croissance), pouvant être commercialisés après l'expiration du brevet du produit de référence. 

Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES, ministère) illustre le rôle clé de l'hôpital comme premier vecteur de diffusion de ces biosimilaires qui peinent à percer en ville. Exemple : la part de marché des biosimilaires pour l'étanercept et l'insuline glargine est limitée respectivement à 14 % et 13 % en ville (contre 30 % et 41 % à l'hôpital), loin de l'objectif de taux de pénétration de 80 % sur leur marché de référence d'ici à 2022. 

Pour expliquer cette part de marché limitée, l'étude souligne, contrairement aux génériques, l'impossibilité pour les pharmaciens de ville de substituer les biosimilaires – ces derniers étant « interchangeables » uniquement par les prescripteurs, au sein d'un groupe biologique similaire.

Influence

Très souvent prescripteur initial, l'hôpital joue donc un rôle clé de diffusion à travers plusieurs mécanismes. Il peut d'abord « influencer » la ville via la prescription d'un médecin hospitalier de médicaments exécutée en ville (PHMEV), c'est-à-dire délivrée en officine. Ensuite, certains traitements initiés ou modifiés à l'hôpital se poursuivent en libéral. Enfin, les médecins de ville « peuvent s'inspirer des choix de prescription de l'hôpital », peut-on lire. 

Dans ces conditions, pour les laboratoires, « proposer des prix bas à l'hôpital peut constituer une stratégie d'implantation indirecte sur le marché de ville », explique l'étude. Pour la CNAM également, l'enjeu est de s'assurer que les dispositions sont prises pour favoriser la percée des biosimilaires dans les établissements, dans la mesure où ils représentent ensuite un gisement d'économies majeur dans le secteur ambulatoire.

En 2018, un mécanisme incitatif a été instauré en ce sens. Il consiste à verser à l'établissement qui a conclu un contrat d'amélioration de la qualité et de l'efficience des soins (CAQES) avec l'agence régionale de santé (ARS) une rémunération à hauteur de 20 % de la différence de prix entre le biosimilaire et le médicament biologique de référence. Cette disposition ne s'applique que pour la prescription hospitalière de médicaments exécutée en ville (PHMEV).

Autre levier : une expérimentation auprès de 40 établissements dans le cadre de l'article 51 de la loi Sécu 2018. Il s'agit d'un mécanisme d'intéressement financier encore plus incitatif avec une rémunération s'élevant à 30 % du différentiel de prix. Originalité : dans le cadre de cette expérimentation, les hôpitaux candidats doivent gratifier directement leurs services hospitaliers mobilisés (achat de matériel, projet de recherche, etc.). Une façon de mobiliser activement les praticiens prescripteurs…  

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin