« Qui a besoin de soins ? Qui a besoin d’un test ? » Il est 9 heures du matin quand Marie, infirmière bénévole pour Médecins du Monde, arrive sur le camp de fortune installé aux abords de l’église Sainte-Catherine de Briançon (Hautes-Alpes) et destiné à accueillir les réfugiés en provenance d’Italie.
Répondant à l’appel, Hamid, 20 ans, se dirige vers la soignante occupée à déployer sa pharmacie d’appoint sous un barnum. Après s’être blessé au bras en traversant les Alpes, le jeune afghan doit faire changer son pansement. « Je suis présente ici deux à trois fois par semaine et la plupart des pathologies qu’on retrouve sont liées à la marche dans la neige et aux traumatismes du froid », témoigne l’infirmière.
Transis de froid après 16 heures de marche
Tous les jours, les « solidaires » de Briançon réunis au sein de deux associations – Refuges solidaires et Tous migrants – enregistrent de nouvelles arrivées. La nuit passée, sept hommes venus d’Afghanistan ont débarqué sur le camp au petit matin, transis de froid après 16 heures de marche dans la montagne à tenter d’échapper à la police. Quand les réfugiés arrivent, « on fait surtout des suivis de plaie, des pansements et des soins liés aux gelures ».
Pour les plus mal en point, une Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) a été mise en place en 2018 en lien avec les urgences de l’hôpital de Briançon. « L’idée c’est de répondre à un besoin ponctuel mais aussi de faire une évaluation générale de leur état de santé », résume Marie, bandeau sur les cheveux et logo « Médecins du Monde » dans le dos.
Carapace psychologique
L’ONG médicale intervient depuis 2017 dans la plus haute ville de France, principalement pour assurer des consultations médicales et paramédicales. « Depuis un mois, on s’occupe aussi des dépistages Covid nécessaires aux exilés qui veulent prendre le bus ou le train », explique le Dr Jean-Luc Pesle, responsable de mission du programme migrations frontière transalpine.
En tout, une quinzaine de bénévoles (médecins, infirmières et psychologues) sont mobilisés. Dans leur Unité de mise à l’abri (UMA) – une voiture bleu et blanc flanquée du logo « Médecins du Monde » – les soignants participent aussi presque toutes les nuits aux maraudes organisées à la frontière afin de venir en aide aux migrants égarés et les orienter vers le refuge.
Mais ici, pas de suivi au long cours pour les demandeurs d’asile, venus principalement d’Afghanistan, d’Iran ou du Maghreb. Briançon est un lieu de passage. Aussi, tout accompagnement psychologique est rendu difficile. « On le voit, les gens sont traumatisés par leur voyage mais ils ne vont pas déposer ici leur souffrance car ils sont juste en transit et restent dans une espèce de carapace psychologique », constate le généraliste grenoblois à la retraite. Pour faire les consultations classiques déjà, « on essaye de trouver un endroit un peu intime mais ce n’est pas toujours facile », confesse le médecin de 68 ans.
Défi logistique
Depuis plusieurs semaines, l’hébergement des exilés pose problème. Fin octobre, le refuge situé sur les hauteurs de la ville a fermé. Plus de 250 personnes occupaient le lieu prévu pour 80 places… Les associations avaient alors été contraintes d’occuper la gare pour mettre la pression sur les autorités locales. En vain. C’est finalement la paroisse qui est venue en aide aux migrants, mettant à disposition une salle, puis Médecins sans Frontières (MSF), avec une tente chauffée de 50 places.
Mais pour faire face à l’hiver, souvent très rude dans cette ville située à 1300 mètres d’altitude, les associations s'organisent pour rouvrir les portes du refuge. En occupant deux lieux simultanément, bénévoles solidaires et soignants font face à un défi logistique de taille alors que la préfecture se refuse à créer des places d’hébergement d’urgence et que le 115 a reçu pour consigne de ne pas recevoir de personnes en situation irrégulière. « Il faut trouver une articulation qui permette aux populations exilées de pouvoir être vues et d’avoir accès à un test Covid à la fois sur le terrain de la paroisse et là-haut au refuge, explique Isabelle Lorre, coordinatrice du programme de Médecins du Monde à Briançon. Il faut gérer au plus près les ressources humaines pour coller le plus possible aux besoins. »
Pour relever ce défi, les populations accueillies peuvent compter sur la détermination et l’énergie des Briançonnais investis dans le tissu associatif local. Marie reste optimiste : « Il y a ici beaucoup de cohésion et de solidarité qui s’est installée, Briançon est une ville avec un grand sens du partage ».
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