Les aides sociales sont-elles efficaces pour lutter contre la pauvreté ? Le président de la République a clairement répondu à cette question par la négative, dans une vidéo polémique diffusée à la veille de son discours au congrès de la Mutualité française à Montpellier. « On met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens sont quand même pauvres […]. On déresponsabilise et on est dans le curatif », avait dit Emmanuel Macron dans un langage peu châtié.
Dans son édition de vendredi, « Le Monde » a invité l'acienne et la nouvelle ministre de la Santé, respectivement Marisol Touraine et Agnès Buzyn à exposer leur point de vue sur le sujet. Sans surprise, l’actuelle locataire de l’avenue de Ségur, défend la ligne gouvernementale, estimant qu’il faut « une ambition plus exigeante que tout miser sur des prestations sociales coûteuses à l’accès trop complexe ».
« Pour transformer notre modèle social, écrit Agnès Buzyn, la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté portera deux ambitions majeures d’investissement social : dans la prévention, l’éducation et la formation, d’une part, et dans l’accompagnement l’autonomie et l’émancipation sociale par l’activité, d’autre part. » En creux, l’actuelle ministre met en cause l’action des précédents gouvernements, incapables de « repenser notre modèle social ».
Les « bons pauvres »
« Contrairement au discours en vogue, les dépenses sociales sont efficaces », corrige Marisol Touraine. L’ex-ministre du quinquennat Hollande défend son bilan, affirmant que « la France a réduit légèrement son taux de pauvreté après 2012, puis l’a stabilisé, alors qu’il grimpait significativement en Allemagne et en Grande-Bretagne […] ».
Elle voit dans la démarche présidentielle un risque d’aller vers une société « où chacun serait responsable de lui-même, où l’on valorise les “premiers de cordée” en même temps qu’on aide les “pauvres”. Les “bons pauvres”, même, ceux quoi sont “responsables” et se prennent en main ».
Marisol Touraine reconnaît tout de même au gouvernement actuel quelques avancées. La réforme de l’accompagnement de la dépendance et surtout, le reste à charge zéro d’ici à 2020, sur certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives. À condition, nuance l’ex-ministre, que « les professionnels ne [soient] pas libres de se rattraper sur les tarifs pratiqués par ailleurs et que le coût des complémentaires ne dérapera pas ».
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