Le pouvoir a eu sa chance, mais n’a pas pu la saisir. Il nous avait convaincus que « l’alignement des planètes » (baisse des taux d’intérêt, baisse du dollar, baisse du prix de l’énergie) assortie d’un début de croissance, devait forcément se traduire par un coup d’arrêt au chômage. S’il n’en est rien, c’est probablement parce que le gouvernement s’est contenté de bénéficier de paramètres améliorés par l’action de la Banque centrale européenne (BCE) mais qui n’ont guère été influencés par notre politrique économique. L’environnement socio-économique est plus favorable, mais encore fallait-il que nous disposions des structures nécessaires à la relance de l’économie. Nous n’avons pas ces instruments parce que la France n’a pas procédé à des réformes indispensables, par exemple du Code du travail et de la formation professionnelle ; et parce que, loin de tendre vers l’équilibre budgétaire, nous continuons à souffrir d’une dette excessive qui nous empêche de procéder à des investissements dans l’industrie, plus particulièrement dans les petites et moyennes entreprises PME. La litanie des mauvaises nouvelles qui avait accablé Michel Sapin quand il était ministre du Travail plonge son successeur, François Rebsamen, dans la perplexité.
Il est significatif à cet égard que le premier réflexe du gouvernement à l’annonce de cette nouvelle hausse du chômage a été de décider la création de 100 000 emplois aidés supplémentaires. Ces emplois aidés seront un miracle pour les chômeurs qui en bénéificieront, mais on ne dirige pas une économie en faisant des miracles, c’est-à-dire en demandant au contribuable de payer pour attribuer des postes de travail à ceux qui n’en ont pas. Cette démarche va même à l’encontre de ce que le gouvernement n’a pas le courage de faire. Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, tente de modifier le code du travail dans un sens qui permette aux entreprises de licencier plus facilement, ce qui veut dire, paradoxalement, qu’elles n’auraient plus peur d’embaucher. Les syndicats se sont opposés à la suppression du CDI (contrat à durée indéterminée), sans remarquer, apparemment que 80 % des nouvelles embauches se font sous le régime des CDD (contrat à durée déterminée). Les dirigeants syndicaux ont seulement accepté que soient revues les conditions légales d’un licenciement et les indemnités qu’il représente pour l’entreprise qui supprime un emploi.
Question de culture.
Personne, en France, ne sous-estime la gravité du mal. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il est structurel, et même profondément ancré dans une culture qui privilégie ceux qui ont un emploi, quitte à accorder des indemnités généreuses aux chômeurs. Mais ce modèle est mort, victime de l’appauvrissement d’un pays où le financement des prestations sociales n’a jamais été aussi élevé. Nous continuons à dépenser 57 % de notre richesse nationale en pensions, en soins et en indemnités pour les chômeurs. La gauche, l’extrême gauche et l’extrême droite continuent de croire que les moyens de l’État sont infinis, que la question de la dette est secondaire et que nous n’avons pas besoin de viser aux équilibres fondamentaux. Pourtant, la preuve est fournie, mois après mois, qu’une politique massive de soutien à l’emploi par les prélèvements sociaux aggrave le chômage.
Depuis le début de l’année, le problème est devenu politique. François Hollande est déjà en campagne pour son second mandat. Il n’a pas d’autre choix que de rallier à lui la totalité du PS (frondeurs compris), les Verts et d’autres encore s’il veut réussir. Pour les convaincre, il a commencé à leur donner des gages en rabotant les réformes plus profondes que MM. Valls et Macron voulaient entreprendre. Plus que jamais, le président de la République navigue dans un océan d’incertitudes, avec des demi-réformes, un flou idéologique assumé, le souci de poursuivre la tâche amorcée avec le CICE et le pacte de responsabilité, une pause factice dans les impôts. Il soigne avec deux grains d’ellébore un pays qui a besoin d’un électro-choc.
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