UNE POLÉMIQUE entoure actuellement l’utilisation d’adjuvants d’une nouvelle génération et l’ajout de thiomersal, un conservateur nécessaire en raison du conditionnement multidoses. « Dans l’un et l’autre cas, il n’existe pas d’élément tangible pour pouvoir le penser », déclare le Pr Daniel Floret, président du comité technique des vaccinations. On ne dispose pas de données scientifiques à ce jour permettant d’établir un lien avec la survenue de perturbations du système immunitaire. Le risque de syndrome de Guillain-Barré serait ainsi plus élevé après une grippe, qu’après une vaccination.
Les adjuvants sont utilisés depuis plus de trente ans pour renforcer la réponse immunitaire des vaccins. Les sels d’aluminium sont les plus utilisés d’entre eux, par exemple dans les vaccins DTP. « Leur ajout permet de réduire la quantité d’antigène par dose de vaccin tout en conservant une réponse vaccinale optimale. On peut alors produire davantage de doses, dans un rapport allant de 1 à 2, voire de 1 à 4. De plus, l’utilisation d’un adjuvant peut favoriser une efficacité immunitaire plus large en cas de mutation du virus », précise le spécialiste des vaccins.
En Europe, le modèle choisi pour le vaccin A(H1N1)v est calqué sur le vaccin pandémique H5N1. Si les vaccins saisonniers ne contiennent habituellement pas d’adjuvants, en contexte pandémique, il est essentiel de pouvoir fabriquer rapidement le plus grand nombre possible de doses vaccinales. Ainsi, en Europe, trois vaccins A(H1N1)v ont été élaborés avec des adjuvants d’une nouvelle génération. En effet, l’aluminium n’est pas immunogène pour les virus grippaux, et donc totalement dépourvus d’efficacité. Les squalènes de la génération dite « huile dans l’eau » sont une substance lipidique présente dans les aliments (cf « Le Quotidien » du 13 novembre) et sont les seuls efficaces avec les virus grippaux. « On dispose d’un recul déjà de plusieurs années pour ce type d’adjuvants, indique l’infectiologue. Il existe un vaccin saisonnier adjuvanté avec le squalène MF59, Gripguard. Plus de 47 millions de doses ont déjà été distribuées depuis 2001 sans que ne soit relevé de signal particulier de pharmacovigilance. Idem pour Cervarix, un vaccin anti-HPV contre le cancer du col de l’utérus, contenant de l’ASO3 et très prescrit en Grande-Bretagne. Ainsi en France, selon le principe de précaution, les seules réserves qui ont pu être émises à l’encontre de ce type d’adjuvants concernent certaines populations vulnérables comme les nourrissons, les femmes enceintes et les sujets ayant des troubles dysimmunitaires. Chez ces sujets, il est recommandé d’utiliser en priorité les vaccins sans adjuvant ».
Quant au thiomersal, il s’agit d’une controverse américaine datant des années 1990 incriminant ce conservateur à base de mercure d’être à l’origine de déficits neurologiques et d’autisme. Les accusations portées à l’époque n’ont jamais été vérifiées depuis dans les nombreuses études épidémiologiques. « Malgré cette absence de preuves et la position de l’OMS, pour faire taire la rumeur, le thiomersal a été retiré de la fabrication des vaccins monodoses, puisqu’il n’est indispensable que pour le conditionnement multidose. La quantité de mercure injectée est infime, bien inférieure à celle ingérée par du poisson contaminé », indique le Pr Floret.
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