LE QUOTIDIEN : Ce plan répond-il aux défis de l’hôpital ? Va-t-il régler les difficultés de certains établissements ou de spécialités délaissées ?
Dr NICOLE SMOLSKI : Oui. Cela fait dix ans que les médecins hospitaliers n’avaient rien eu ! Ce plan ne va pas assez loin mais nous avons quand même été écoutés et entendus. En revanche, nous avons raté le cap de l’urgence, nous avons deux ans de retard. La situation s’est dégradée dans les hôpitaux, on aurait pu intervenir plus tôt afin d’éviter des départs.
3 000 primes d’engagement sont prévues d’ici à 2018. Leur montant – plusieurs mois de salaire, selon Marisol Touraine – est-il suffisamment attractif ?
Oui, on nous a parlé d’une prime attractive (le montant de 15 000 euros a été évoqué, NDLR) et il y aura aussi un avancement accéléré d’échelon qui correspondra à une avancée de salaire (7 échelons au bout de 5 ans). C’est un signe fort. Ce plan fixe des priorités sur les zones et spécialités en souffrance et mise sur les futurs GHT. Environ 15 000 praticiens hospitaliers sur les 40 000 en exercice, toutes générations confondues, lorsqu’ils seront membres d’une équipe de territoire et impliqués dans une activité multi-sites, toucheront par ailleurs une prime d’un niveau conséquent. Cela correspond aussi à une augmentation de salaire.
Par ailleurs, il est prévu de mettre fin à l’iniquité du règlement des astreintes. Tout le monde touchera 43 euros par nuit au lieu de 25 euros. Pour une plage de temps additionnel, les médecins seront alignés sur le temps de jour soit 100 euros de plus par astreinte.
Ce plan instaure plusieurs primes mais pas de revalorisation directe à l’embauche à l’hôpital. Cela vous déçoit-il ?
Un point me gêne davantage. Beaucoup de jeunes qui n’exercent pas dans une zone ou une spécialité défavorisée connaissent une chute brutale de rémunération entre la fin du post-internat et l’entrée dans le statut de PH. Je peux citer l’exemple d’un chirurgien maxillo-facial à Lyon qui, lorsqu’il est passé d’assistant en CHU à PH contractuel, a perdu 2 000 euros par mois. Ce n’est pas acceptable, il faut trouver une solution.
Le travail en début de soirée sera mieux rémunéré mais vous n’avez pas obtenu la 5e demi-journée pour une période de 24 heures de travail. Le regrettez-vous ?
Le ministère a estimé, au regard du nombre de gardes en France, que le coût de cette mesure serait de 300 millions d’euros par an et qu’elle allait enlever du temps médical à certaines spécialités avec garde. Nous continuons à réclamer cette disposition. J’ai bon espoir. Nous allons travailler sur la déclinaison de la circulaire des urgentistes pour les autres spécialités à forte sujétion et nous réaborderons le sujet de la 5e demi-journée. Les praticiens qui travaillent 24 heures de suite doivent se voir créditer d’une demi-journée supplémentaire.
L’encadrement de l’intérim est-il suffisant ?
Non, les mesurettes proposées ne sont pas à la hauteur des enjeux. Nous souhaitions la création d’un large vivier de médecins remplaçants avec des médecins titulaires, en période probatoire et qui finissent l’internat. L’idée était d’avoir un très gros « pool » de médecins avec un affichage transparent des zones déficitaires, des conditions de rémunération et d’hébergement pour moraliser l’intérim médical. Nous n’avons pas été entendus.
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