Offre de soins ambulatoires

Centres de santé, un nouveau souffle ?

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Publié le 15/10/2021
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Lors de leur 60 e congrès, les centres de santé ont souligné le rôle primordial de ces structures de soins primaires lors de la pandémie. Alors que le gouvernement encourage ce modèle, médecins et gestionnaires militent pour un plan d'investissement, une refonte du financement et un statut de praticien ambulatoire.

Les vents seraient-ils devenus porteurs pour les centres de santé ? Jour après jour, la crise « démontre leur pertinence pour répondre aux enjeux de santé au plus près des habitants », s’est félicité le Dr Frédéric Villebrun, nouveau président de l'Union syndicale des médecins des centres de santé (USMCS), lors du 60e congrès national, qui s'est tenu à Paris.

Soins de premier recours, dépistage, information et vaccination : les centres de santé ont été des « acteurs majeurs, voire décisifs, notamment pour les personnes éloignées des soins, les plus fragiles ou vivant dans la précarité », a martelé le généraliste de Champigny-sur-Marne. Un plaidoyer que n'a pas renié Olivier Véran, saluant lui aussi la force de ce maillage dans la crise, grâce à l'organisation en équipe et à l'implantation dans les territoires.

Le Dr Pascal Gendry, président d’AVECSanté, association qui promeut le développement des équipes pluriprofessionnelles et de l’exercice coordonné, considère également que le modèle a marqué des points pendant la pandémie. Comme dans les maisons de santé libérales, la vocation pluridisciplinaire des centres de santé a permis de « mieux s’organiser, d'innover, de construire, déconstruire, retravailler des modalités d’accompagnement », qu’il s’agisse des patients habituels mais aussi « des plus précaires, ceux souffraient encore plus que les autres de la situation Covid », explique le généraliste de Renazé (Mayenne). Cette prise en charge a été facilitée par les moyens logistiques et humains (coordinateurs, secrétaires, agents administratifs), si bien que les professionnels ont pu se « recentrer sur leur rôle propre ».

Même analyse positive du côté du Dr Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS, gestionnaires) : « Quand on est organisés en équipe, on peut réagir de manière plus fluide et plus rapidement à des demandes, notamment des autorités sanitaires », explique-t-elle.

Service public territorial de santé

Pour les avocats des centres de santé, il est primordial de transformer l'essai en accompagnant cette dynamique sur le plan économique et financier. La population « a besoin d’unités de base de soins primaires qui maillent le territoire », plaide le président d’AVECSanté, qui réclame un « plan d’investissement massif » à destination des équipes coordonnées.

Le Dr Villebrun espère « atteindre un maillage complet du territoire d’ici à 5 ans », y compris avec des structures « universitaires » assurant « l’essor de la recherche en soins primaires et en santé publique ». Cette offre de praticiens salariés devra s'articuler avec les CPTS libérales dans chaque territoire. D'où l'idée avancée d'un véritable « service public territorial de santé », « qui soit le pendant de l’hôpital public en ville pour que, dans tous les territoires, on puisse être soigné par un généraliste, une infirmière et les acteurs de premier recours », ambitionne le Dr Villebrun.

S'agissant des modes de rémunération, la montée en puissance des paiements forfaitaires, voire des rémunérations à la performance (ROSP d’équipe) a été mise en avant lors du congrès. Déjà, 16 centres expérimentent le paiement en équipe de professionnels de santé en ville (PEPS), au titre de l’article 51 sur l'innovation en santé. Alors que des négociations avec l'Assurance-maladie doivent reprendre prochainement, l’USMCS souhaite un plan national de développement des missions de santé publique « financées à leur juste coût par la voie conventionnelle ».

Le syndicat appelle enfin de ses vœux un véritable « statut de praticien ambulatoire », en miroir de celui de praticien hospitalier, offrant des passerelles avec l’hôpital et des perspectives de carrière. Pour l’instant, ces demandes sont restées sans réponse.

Julien Moschetti

Source : Le Quotidien du médecin