Le Président de la CSMF répond à la ministre de Santé

Chassang : Roselyne Bachelot « perd pied » et « sème la division »

Publié le 28/04/2009
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LE QUOTIDIEN - Roselyne Bachelot a accusé la CSMF de proférer des contrevérités dans sa campagne contre la loi HPST. Que répondez-vous ?

MICHEL CHASSANG - Je regrette que la ministre perde pied. On comprend qu’elle soit préoccupée. Elle subit aujourd’hui une fronde multiple, médicale d’abord qui mobilise à la fois les médecins libéraux et hospitaliers, mais aussi une fronde politique au sein de sa propre majorité. De nombreux sénateurs ont décidé de monter au créneau. Il y a une forte inquiétude dans les rangs UMP. Roselyne Bachelot ferait bien d’écouter les conseils d’anciens Premiers ministres, Juppé ou Raffarin… Rien ne se fera sans les médecins et en particulier rien sans la CSMF. Or, Roselyne Bachelot accuse les hospitaliers de ne pas savoir lire, les libéraux de n’avoir pas bien compris, et les syndicats opposants d’avoir une communication mensongère… Tout ceci est faux.

Que proposez-vous ? La CSMF qualifie le projet de loi HPST de texte « antimédecins »

Il faut se mettre autour d’une table avant l’examen du projet de loi au Sénat. Nous pensons qu’une réforme est nécessaire, mais cette loi a été mal préparée, mal ficelée, mal rédigée. Outre la suppression des mesures vexatoires adoptées en première lecture sur le secteur II, les autorisations d’absence auprès des directeurs ARS, la taxe sur la démographie, le testing, les contrôles IGAS dans les cabinets, la taxe sur la télétransmission, nous proposons trois amendements clés.

Le premier porte sur les SROS ambulatoires. Il faut être d’une certaine malhonnêteté pour faire croire qu’ils ne seront pas opposables aux médecins ! Bien sûr qu’ils le seront. S’ils ne sont pas opposables, que la ministre l’inscrive dans la loi ! Au mieux nous proposons qu’on parle d’état des lieux de répartition géographique des professionnels. Deuxième amendement : nous ne voulons entendre parler ni d’une contractualisation régionale avec autre chose que les syndicats signataires des conventions nationales ni de convention individuelle. En clair, il faut sanctuariser le dispositif conventionnel. Tertio, il est urgent de réunifier la profession. Or, la création d’un troisième collège médical électoral [pour les praticiens de plateaux techniques] à côté des sections généralistes et spécialistes institue une fracture supplémentaire.

Roselyne Bachelot prétend qu’il y a un décrochage entre les responsables de la CSMF et ses troupes sur le terrain…

Roselyne Bachelot sème la division. Lorsque le CNPS s’est mobilisé contre sa loi, elle a appelé les organisations minoritaires à la rescousse. Elle divise aussi les médecins : hospitaliers contre libéraux, jeunes contre vieux, ruraux contre urbains… Maintenant, elle parle de décrochage entre la CSMF et ses troupes, prétend qu’il y a une divergence entre la base et la direction nationale. Ces propos sont irresponsables. Les décisions de notre assemblée sont souveraines. Une AG s’est tenue il y a moins d’un mois, les motions ont été votées à l’unanimité. Un sondage a mesuré que 70 % des médecins libéraux sont hostiles à la loi HPST. Mais le plus grave, c’est la calomnie lorsqu’elle prétend que la CSMF a préconisé dans son bureau des mesures coercitives contre les jeunes… C’est mensonger.

Notre mobilisation reste plus que jamais d’actualité, tant que la ministre persistera dans son autisme.

Tout de même, on entend davantage les hospitaliers que les libéraux dans la contestation…

Ce n’est pas illogique. Un certain nombre de grands patrons hospitaliers se sont exprimés avec beaucoup de véhémence. Le gouvernement lui-même a toujours présenté cette réforme comme, d’abord, la réforme de l’hôpital. Cela dit, je le répète : il s’agit d’une loi contre les médecins, à l’hôpital mais aussi en ville.

PROPOS RECUEILLIS PAR CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr