Comment mener à bien la sortie de crise ? L'Institut Santé avance sept recos stratégiques « indissociables les unes des autres pour réussir ».
Alors que le gouvernement a fixé une échéance de déconfinement partiel à partir du 11 mai, ce think tank pluridisciplinaire – qui réunit un réseau de médecins, chercheurs et experts en santé, sous la houlette de l'économiste Frédéric Bizard – prévient que « rater » la sortie de la quarantaine collective se traduirait par un « tribut humain, économique et social sans doute supérieur à ce que nous avons connu depuis deux mois ».
L'Institut Santé — qui plaidait pour un déconfinement sous conditions dès le 4 mai — exhorte d'abord le gouvernement à lancer un « plan Marshall » sanitaire (production et acquisition) permettant de se doter au plus vite des protections (masques, kits, blouses, gels, etc.), équipements médicaux hospitaliers (respirateurs, consommables), tests (PCR, sérologiques) et médicaments nécessaires afin de « recouvrir une indépendance sanitaire nationale et européenne ». Cet arsenal inclut un solide volet numérique, avec la création d'applis digitales pour définir le statut immunitaire et géolocaliser les individus dépistés positifs, « après leur consentement éclairé ».
Lourdes amendes
Grâce à une « stratégie de dépistage massif », les experts suggèrent de déterminer des règles de conduite différenciées selon l'état immunitaire en trois groupes : les personnes immunisées au Covid-19 à la suite d'un test sérologique positif (groupe A, accédant à un déconfinement immédiat) ; les personnes positives au test PCR, strictement confinées ou hospitalisées (groupe B) ; les personnes non immunisées à la suite d'un test sérologique négatif ou sans statut connu (groupe C, susceptible d'être contaminé, d'où le port du masque obligatoire, respect de la distanciation sociale, des gestes barrières…).
Cette approche différenciée entraînerait des règles particulières de précaution selon les employeurs et les événements (autorisations spéciales par exemple). Elle réclame un « confinement individualisé strict des cas déclarés » et un « dépistage systématique des cas suspects et contacts », insiste l'Institut, favorable à des peines de 1 500 euros et six mois de prison avec sursis pour ceux qui ne respectent pas les règles du jeu. Grâce au traçage par la géolocalisation, toute personne ayant été en contact avec un cas confirmé devra aussi être dépistée au test PCR sous 24 heures.
École… en septembre
Un plan spécifique serait appliqué aux activités et personnes à haut risque Covid. Contrairement au gouvernement, l'Institut Santé milite pour une reprise scolaire en septembre (au plus tôt). Des règles strictes de respect de la distanciation sociale devraient être respectés dans tous les transports publics. Le lobby prône ensuite un dépistage systématique avec tests sérologiques pour tous les résidents des EHPAD ayant enregistré au moins un cas – et un test PCR pour tous les personnels.
En ville, un réseau médical et paramédical territorial (avec des soignants immunisés) doit faciliter les prises en charge à domicile. Côté financier, le think tank insiste sur la nécessaire valorisation de l'engagement des soignants dans la crise sanitaire (primes) mais aussi sur la compensation de la perte de chiffre d'affaires en médecine libérale.
Autre recommandation : un contrôle sanitaire « strict » aux frontières, assorti d'espaces médicaux aménagés pour faire passer « sur le champ » des tests PCR aux personnes symptomatiques.
La crise passée enfin, viendra le bilan exhaustif des forces et des faiblesses, ce qui nécessitera une « refondation du système de santé », traduite par une nouvelle loi « au premier trimestre 2021 ».
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships