FAISONS UN SAUT dans le passé, dans les années 1920 à 1960, au cours desquelles eurent lieu les essais de malariathérapie pour traiter la neurosyphilis. À chaque essai, on constatait que les Africains et les Afro-américains étaient résistants à P. vivax quand on leur administrait soit du sang humain soit des moustiques infectés par un nombre limité de souches de P. vivax. Après l’identification du groupe sanguin Duffy (Fy), des études de population ont montré que les individus ayant un ancêtre africain n’exprimaient aucun des deux antigènes Fy (sujets Fya-b-). Puis, vinrent les observations de la rareté du paludisme à P. vivax en Afrique. Ce qui a conduit Miller et coll. à montrer que les sujets Duffy-négatifs résistaient à l’exposition aux moustiques infectés à P. vivax (contrairement aux sujets Duffy-positifs qui étaient susceptibles à ce parasite). Ce travail fondateur, ainsi que des travaux in vitro avec P. knowlesi, ont conduit au paradigme selon lequel les parasites infectent les érythrocytes par le biais d’une interaction avec un récepteur et que le récepteur de P. vivax était le groupe sanguin Duffy. Au total, les populations de groupe sanguin Duffy-négatif étaient donc considérées comme naturellement protégées conte l’infection par P. vivax, ce qui peut expliquer l’absence de ce parasite en Afrique, où les populations sont exclusivement ou très majoritairement de groupe sanguin Duffy-négatif.
Un travail conduit à Madagascar.
C’est dans ce contexte que des chercheurs viennent de montrer que P. vivax est en fait capable d’infecter des populations considérées jusqu’à présent comme naturellement protégées par leur groupe sanguin. Ce travail multidisciplinaire a été réalisé dans le cadre d’une collaboration internationale impliquant des équipes malgaches (Institut Pasteur de Madagascar, service de lutte contre le paludisme, ministère de la Santé), françaises (institut Pasteur, Paris, unité associée au CNRS, Institut national de la transfusion sanguine, unité associée à l’Inserm) et américaine (université de Cleveland).
Sous la direction de Didier Ménard (institut Pasteur, Madagascar), Odile Mercereau-Puijalon (Institut Pasteur, Paris) et Peter Zimmerman (Cleveland), les chercheurs viennent d’apporter la preuve que ce récepeur Duffy n’est pas ou n’est plus indispensable à P. vivax pour infecter les globules rouges : « À Madagascar, où les populations Duffy-positives d’origine indonésienne ou asiatique se sont mélangées avec des populations Duffy négatives d’origine africaine, P. vivax infecte les globules rouges de personnes de groupe Duffy-négatif, chez lesquelles il provoque des accès palustres, indique un communiqué. Le parasite aurait donc réussi à s’affranchir de sa dépendance au récepteur Duffy et à utiliser une autre voie, encore inconnue, pour entrer dans la cellule cible. »
« Ces travaux, poursuit le communiqué, mettent ainsi à mal un dogme solidement établi depuis plus de trente ans. Ils remettent également en cause les approches de recherche vaccinales qui prennent pour cible la protéine de surface du parasite se liant au récepteur Duffy. »
Didier Ménard et coll. Proc Natl Acad Sci USA, en ligne.
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