Les médecins libéraux de l'URPS Auvergne Rhône-Alpes réclament « l'abrogation immédiate » de deux arrêtés autorisant les pharmacies d'officine à délivrer jusqu'à fin mai des médicaments aux personnes suivant un traitement de longue durée, sans qu'ils aient besoin de renouveler leur ordonnance, afin d'alléger la charge de travail des médecins.
Situation dangereuse
« Eu égard à la situation sanitaire, dans le cadre d'un traitement chronique, à titre exceptionnel, lorsque la durée de validité d'une ordonnance renouvelable est expirée et afin d'éviter toute interruption de traitement préjudiciable à la santé du patient, les pharmacies d'officine peuvent dispenser, dans le cadre de la posologie initialement prévue, un nombre de boîtes par ligne d'ordonnance garantissant la poursuite du traitement jusqu'au 31 mai 2020 », précise un premier arrêté publié au « Journal officiel » le 15 mars. Un second texte réglementaire publié le 20 mars a étendu cette dérogation aux « traitements de substitution aux opiacés d'au moins trois mois à base de méthadone sous forme de gélules, de méthadone sous forme de sirop ou de buprénorphine comprimés ».
Mais les médecins libéraux de l'URPS Auvergne Rhône-Alpes jugent de leur côté que ces arrêtés prolongeant la validité des « ordonnances périmées », sans consultation médicale préalable, contribuent à placer les patients dans une « situation dangereuse ».
« Quelle que soit la qualité d’un pharmacien, ce n’est pas sa mission que d’apprécier le bien-fondé d’un renouvellement à l’identique, insistent les médecins. Il n’est pas dans ses compétences d’ausculter un cœur ou des poumons, de palper un abdomen, de faire un examen neurologique… Tout simplement, ce n’est pas son métier. »
Cabinets « vidés » et suivi pas assuré
L'URPS souligne que « la vague annoncée Covid-19 n’a pas touché les cabinets médicaux mais les a vidés ». Dans ce contexte, la profession a le temps nécessaire pour effectuer les renouvellements d'ordonnance pour des traitements parfois sensibles. L'URPS épingle au passage la communication « inadaptée » du gouvernement « qui a demandé aux patients de ne pas consulter afin de ne pas risquer de se contaminer ».
Autre argument propre à la prise de médicaments anxiolytiques ou hypnotiques pour les insomnies, souffrances psychologiques et troubles psychiatriques : ce type de molécules « nécessite du temps pour leur réévaluation avant la prescription. La situation actuelle l’impose d’autant plus ».
Enfin, les médecins font valoir à nouveau que le suivi des patients non Covid doit être mieux pris en considération afin « d'éviter la dégradation de leur santé qui ne manquera pas de se produire si ces arrêtés ne sont pas abrogés ». « Les médecins traitants et médecins consultants sont les mieux à même d’anticiper et d’éviter les complications éventuelles du retard aux soins et celles du déconfinement, martèlent-ils. Covid-19 est une maladie. Mais la santé n’est pas que le Covid. Les médecins ne soignent pas des maladies mais des personnes qui ont d’autres pathologies. Il est donc impératif que ces deux arrêtés soient abrogés. »
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