L'épidémie de Covid-19, qui s'aggrave en Guyane, a été jugée « très préoccupante » par le ministère de la Santé, qui a décidé l'envoi d'une mission de trois professionnels de santé – un officier de liaison du centre de crise sanitaire et deux médecins réanimateurs – pour coordonner la gestion de la crise avec l'ARS. La ministre des outre-mer, Annick Girardin, arrivée sur place mardi soir, devait de son côté installer un comité de gestion de crise (Cogec, associant institutions, élus et secteur associatif et économique) pour tenter de juguler l’expansion du virus.
Alors que ce territoire de 300 000 habitants, maintenu sous état d'urgence sanitaire, subit déjà des mesures strictes (couvre-feu, confinement le week-end, fermeture dès 18h des commerces), l'hypothèse d'un reconfinement était envisagée par Matignon si les signes d'une accélération de l'épidémie de coronavirus se confirment et « si le taux de reproduction demeure à un niveau élevé ». Ce facteur, qui qualifie le nombre de nouvelles personnes contaminées en moyenne par chaque malade, est supérieur à 2 et le taux d'incidence est largement supérieur au seuil d'alerte de 50 tests positifs pour 100 000 habitants, indique la DGS. L'ARS comptabilisait mardi 2 593 cas confirmés, 8 décès et 15 patients en réanimation.
Des renforts sont arrivés de métropole – dont 17 soignants issus de la réserve sanitaire nationale ce lundi – afin de soulager les équipes, pour trois à cinq semaines. D'autres équipes devraient être déployées, notamment de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une unité de l'hôpital de campagne de la sécurité civile avec 20 lits de médecine générale sera déployée cette semaine pour accueillir des patients non-Covid et dégager des capacités hospitalières.
Réa au bout de ses capacités
« L'épidémie monte en flèche depuis une dizaine de jours, surtout sur l'île de Cayenne (qui regroupe trois communes et 45 % de la population du département). En l'espace de trois ou quatre jours, nous avons eu autant de cas que depuis le début de l'épidémie, et le service de réanimation arrive au bout de ses capacités », confirme le Dr Loïc Epelboin, médecin infectiologue au centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, contacté par « Le Quotidien ».
Le service de réanimation Covid permet d’accueillir jusqu’à 15 patients mais une seconde unité de 15 lits de réanimation Covid vient d'être équipée en respirateurs. Quatre patients en réa ont été transférés au CHU de Martinique. La capacité de plusieurs services a été augmentée pour parvenir à 95 lits Covid disponibles. Des patients non Covid ont été transférés vers les cliniques privées pour libérer des lits.
Précarité et frontière avec le Brésil
Selon le médecin infectiologue, cette situation s'explique notamment par la très grande précarité de certains quartiers de la ville et les nombreuses habitations exiguës.
La Guyane surveille aussi de près son voisin brésilien où la situation semble hors de contrôle, avec plus de 51 000 morts. « Au moment du déconfinement en France, l'épidémie frappait l'Amérique latine et surtout le Brésil, dont l'Etat de l'Amapá et la ville d'Oiapoque, frontaliers de la Guyane. Or, la plupart des Brésiliens n'étaient pas testés et dépistés, explique le Dr Epelboin. Beaucoup de Guyanais ont continué à aller faire leurs courses côté Brésil, ce qui est l'une des raisons de l'explosion des cas d'abord à Saint-Georges, la ville frontalière côté français »
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