Les rendez-vous s'enchaînent avenue de Ségur. Après un déplacement à Cherbourg et le lancement d'une mission flash sur la crise des urgences, confiée au Dr François Braun, la ministre de la Santé a reçu jeudi et vendredi les trois principaux syndicats de médecins libéraux, Avenir Spé/Le Bloc, MG France et la CSMF.
Interrogés sur la situation tendue de cet été, ces syndicats de libéraux – qui saluent tous les trois « l'accueil » et « l'écoute » de la ministre – ont avancé leurs pions sur les priorités des prochains mois, dont la convention médicale. Mais face à l'été difficile qui se profile, le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, a souligné la nécessité d'instaurer « une régulation à l'entrée des urgences » et « un numéro d’appel spécifique » aux généralistes pour l'accès direct de leurs patients dans les services hospitaliers, sans passer par la case urgences.
Valoriser le travail de nuit
La CSMF a plaidé elle aussi pour une régulation « en renforçant les conditions de rémunération » de la permanence des soins ambulatoires (PDS-A) et le service d'accès aux soins (SAS). « Il faut aussi informer les patients que les urgences, ce n'est pas automatique à toute heure du jour et de la nuit », précise le Dr Franck Devulder, son président.
Pour les spécialistes libéraux, le Dr Philippe Cuq (Le Bloc/Avenir Spé) a mis en avant leur rôle dans les cliniques. « Il faut augmenter les lignes de permanence des soins en établissement de santé (PDS-ES), notamment dans le privé, qui ont été réduites il y a quelques années », suggère le chirurgien vasculaire. Malgré ses « réserves » au sujet de la mission flash sur les urgences, le Dr Cuq estime qu'il faut « revaloriser les salaires » des soignants (médecins, infirmiers, aides-soignants) dans les spécialités difficiles comme « la réanimation, les urgences » sujettes au travail de nuit. « Il faudra agir aussi sur le bien-être au travail, l'organisation dans les services, la formation, les évolutions de carrière, mais aussi sur l'image des métiers du soin », plaide-t-il.
Équipes mobiles paramédicales
Autre proposition des libéraux : valoriser le cumul emploi retraite pour inciter les praticiens en âge de partir à continuer, notamment cet été. « Il faut augmenter les plafonds de revenus (de cumul) et faire en sorte que cela ouvre de nouveaux droits à la retraite », résume le Dr Devulder. La CSMF voudrait aussi ré-autoriser les mesures dérogatoires créées lors de la crise Covid, comme la consultation par téléphone, qui permet de toucher un nombre plus large de patients. Il convient aussi de mettre en place des équipes mobiles avec un paramédical pour gérer (de façon régulée) les petites urgences dans un bassin de population peu étendu.
Au-delà de l'été, MG France s'est projeté vers la future convention, dont les négociations s'ouvriront en septembre. « Il est grand temps d'organiser les soins primaires, en permettant vraiment aux médecins d'avoir des collaborateurs, qu'ils soient assistants médicaux ou infirmiers, fait valoir le Dr Battistoni. Par ailleurs, nous avons rappelé à la ministre que l'exercice coordonné avec une délégation des tâches ne permet pas forcément un gain de temps médical. »
Le syndicat de généralistes, qui doit recevoir Brigitte Bourguignon lors de son congrès les 24 et 25 juin, à Dijon, continue de demander « un investissement conséquent sur les soins primaires » et une continuité de l'action « au-delà du temps politique ».
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