Présenter « l'architecture du plan de déconfinement » du gouvernement a réclamé à Édouard Philippe un discours structuré d'une heure, prononcé sur un ton grave ce mardi 28 avril devant 75 députés réunis à l'Assemblée nationale.
Pour expliquer « comment notre vie va reprendre », le premier ministre a émaillé son propos de cinq idées-forces : « protéger », « tester », « isoler » dans le cadre d'un déconfinement mis en place « progressivement » et « de façon différenciée selon les territoires, département par département ». « Il va falloir apprendre à vivre avec le virus », a-t-il prévenu.
Masques obligatoires dans les transports en commun
Après le 11 mai, les Français devront « ajouter » au respect des gestes barrières et au principe de distanciation physique « le port du masque dans certaines situations ». Dès le mois prochain, la France aura « 20 millions de masques grand public lavables » commandés par les collectivités territoriales et financés à 50 % par l'État. « Il y aura assez de masques grand public pour faire face », a assuré le locataire de Matignon.
Jusqu'ici, la stratégie du gouvernement était de « réserver les masques aux soignants », donc « mécaniquement refuser de les distribuer à d'autres. » « C'est un choix difficile, contesté, c'est un choix que j'ai estimé nécessaire », a assumé Édouard Philippe.
Le déconfinement impose donc un changement de braquet et d'échelle. Les masques seront obligatoires dans les transports en commun (métro, bus) et dans les écoles (hors maternelles, où ils sont prohibés et en élémentaire, où ils sont simplement recommandés). Les entreprises et collectivités sont « invitées » à équiper leurs salariés. La distribution des masques grand public se fera via une plateforme de e-commerce à partir du 30 avril, sous l'égide de La Poste. Les pharmacies et les grandes surfaces auront la possibilité de vendre (sous certaines conditions) des masques lavables et jetables.
Tests 100 % remboursés par la Sécu
La stratégie de dépistage massif du gouvernement repose sur le déploiement d'« au moins 700 000 tests virologiques par semaine au 11 mai ». Pour atteindre cette « cible » et accompagner une montée en charge rapide des tests, le gouvernement a fait « sauter les verrous » pour armer les laboratoires de recherche, les laboratoires vétérinaires et les structures autant publics et privés de proximité, a rappelé Édouard Philippe.
Prochaine étape : le remboursement à 100 % de la prise en charge par l'assurance-maladie. Si une personne est testée positive, tous les cas contacts « symptomatiques ou non » seront « testés et invités à s'isoler compte tenu des incertitudes sur la durée d'incubation ».
Ce travail d'identification des cas contacts « exige des moyens considérables ». « Nous ne pourrons réussir que grâce à la mobilisation des professionnels de santé libéraux, notamment médecins généralistes et infirmiers libéraux, qui constitueront la première ligne dans la recherche des cas contacts pour tout ce qui concerne la cellule familiale », a précisé le premier ministre. Les professionnels seront « accompagnés » pour réussir cette mission. L'assurance-maladie travaillera « en appui » à l'identification d'autres cas contacts au-delà de la cellule familiale.
Chaque département sera ainsi doté de « brigades chargées de remonter la liste des cas contacts » et de vérifier l'application de la doctrine nationale. Ces brigades seront constituées de médecins mais aussi d'employés de centres communaux d'action sociale (CCAS), municipaux, départementaux, associatifs (La Croix Rouge) en « renfort » le cas échéant. « Les personnels de ces brigades ne seront pas tous médecins. Il faudra donc que la loi les autorise à participer à ces enquêtes épidémiologiques dans lesquelles l'accès à des données médicalisées pourra être nécessaire », a précisé le chef du gouvernement.
Nouveau rendez-vous le 7 mai
Le premier ministre l'a rappelé à plusieurs reprises : ce plan de déconfinement – y compris la date du 11 mai – ne sont en rien définitifs. La stratégie de tests est fondée sur l'hypothèse de « 3 000 cas nouveaux par jour testés autour de cette date ». « Hier, la direction générale de la santé m'a fait part de modélisation moins favorable [...]. Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas au 11 mai, ou nous le ferons plus strictement », a indiqué Édouard Philippe, appelant les Français à la « lutte contre le relâchement ».
Le calendrier sera rythmé par de nouveaux « rendez-vous » avec les Français. Le 7 mai, la population saura si le déconfinement aura bien lieu quatre jours plus tard dans chaque département. Des critères établis par Santé publique France et la direction générale de la santé seront pris en compte pour statuer : « soit que le taux de cas nouveaux dans la population sur sept jours reste élevé [la circulation du virus reste active, NDLR] ; soit que les capacités régionales en réanimation restent tendues ; soit que le système local de tests et de détection des chaînes de décontamination ne soit pas suffisamment prêt ». Le 7 mai, les départements seront donc divisés en deux catégories : vert (circulation élevée) ; rouge (circulation limitée).
Une carte de propagation
Dès jeudi 30 avril, le gouvernement rendra public tous les soirs une carte hexagonale sur la propagation du virus. Après le déconfinement, le pays entrera dans une nouvelle phase jusqu'au 2 juin pour « vérifier que les mesures mises en œuvre permettent de maîtriser l'épidémie ». Le gouvernement prendra alors de nouvelles mesures à appliquer « jusqu'à l'été » — Les cafés, bars et restaurants sauront « fin mai » s'ils peuvent rouvrir.
Édouard Philippe a clos son discours en appelant les parlementaires à « enrichir » ce plan afin d'être prêt le 11 mai. Il y aura bien, à ce titre, un « débat spécifique et un vote spécifique » sur l'application de traçage StopCovid. Le locataire de Matignon recevra les élus locaux et les préfets ce mercredi 29 avril et les partenaires sociaux le jeudi 30 avril.
Le plan de déconfinement sera soumis au conseil des ministres samedi 2 mai et de retour au Parlement la semaine prochaine.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships