À Clamecy, ville de 4 000 habitants dans le nord de la Nièvre, le projet de fermeture nocturne des urgences de l’hôpital suscite au niveau local colère et inquiétude. La semaine dernière, 70 élus locaux sont allés jusqu'à remettre leur démission collective au préfet. Ils seront présents ce jeudi à Nevers aux États généraux de la santé, où est attendue de pied ferme la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Élue démissionnaire, Danielle Konieczny, maire de Ouagne – une commune voisine de Clamecy –, explique au « Quotidien » les raisons de sa colère.
LE QUOTIDIEN : 70 maires qui démissionnent contre un projet de fermeture d'un service hospitalier, ce n'est pas rien ! Quel sens donnez-vous à cette initiative ?
DANIELLE KONIECZNY : Nous sommes très inquiets par l’annonce de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté. Cette fermeture serait une catastrophe ! Notre département connaît déjà une forte désertification médicale. Le maintien de ce service d’urgences est indispensable. Pour contester cette annonce, les élus du territoire se sont réunis en collectif. Une partie d’entre eux a en effet remis sa démission en sous-préfecture pour affirmer une opposition à ce projet de fermeture. 36 maires et 34 adjoints se sont engagés dans cette initiative. Si la fermeture devient effective, l’ensemble des conseils municipaux démissionneront. Nous avons déjà signé une lettre d’intention collective en ce sens.
L’enjeu est bien le maintien d’une offre de soins sur un territoire déjà affecté par l’arrêt de certains services. À la suite de la fermeture récente [mi-février, NDLR] de la maternité de Cosne-sur-Loire, il ne reste que plus que trois maternités dans la Nièvre, la maternité de Clamecy ayant fermé il y a dix ans déjà. En conséquence, les distances à parcourir pour accéder aux soins ne cessent de s’allonger.
Des femmes qui accouchent dans leur voiture et qui doivent appeler le SMUR faute de maternité, ce n’est pas normal ! Les services d’urgences doivent intervenir dans les 30 minutes. Si les urgences de Clamecy ferment la nuit, les habitants devront compter de 45 minutes à 1 heure de route pour rejoindre les centres hospitaliers d’Auxerre ou de Nevers. Nous nous sentons de fait de plus en plus isolés et abandonnés. C'est pourquoi tout le département est mobilisé, élus comme habitants.
Quels résultats attendez-vous de cette initiative ?
Nous souhaitons que l’on nous laisse fonctionner. Si les urgences ferment, c’est la mort assurée. Sur notre territoire, la population est vieillissante. Les pathologies liées aux personnes âgées, comme les AVC, nécessitent une proximité. Dans un secteur placé en zone défavorisée comme le nôtre, la question de la fermeture des urgences la nuit ne devrait même pas se poser.
La population est inquiète et soutient les élus. Une manifestation devant le service des urgences a réuni quelques milliers de participants vendredi dernier. Pour un territoire comme le nôtre, c’est significatif. Demain, nous attendons une réponse de la ministre de la Santé sur le sujet.
L’ARS argue du manque de médecins pour justifier la fermeture des urgences. Que répondez-vous ?
L’idée de l’ARS est de transférer l’activité vers l’hôpital d’Auxerre, à 45 km de là. Or, là-bas aussi, les personnels soignants ont du mal à assurer le service. Ils sont déjà débordés et nous devrions nous tourner vers eux ? Ce n’est pas une solution. L’hôpital d’Auxerre connaît les mêmes problématiques que celui de Clamecy pour attirer les médecins. Actuellement, le service des urgences de Clamecy fonctionne de jour comme de nuit. Nous voulons simplement que cela continue.
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