« Il n'y a jamais eu, en Europe, autant de personnes âgées vivant en même temps. Il s'agit là d'une vraie révolution démographique. Or, nos politiques publiques n'en tiennent pas assez compte. Comme la formation, la prévention devrait être enseignée tout au long de la vie car elle constitue un véritable enjeu humain, citoyen et économique », souligne Serge Guérin.
D'après le sociologue - spécialiste des questions liées au vieillissement et à la « séniorisation » de la société - notre regard sur le vieillissement est « très en retard » et les représentations sur le sujet sont souvent « négatives ». « Nous avons tous rajeuni, ce qui a vieilli, c'est notre regard sur l'âge. Exemple frappant : les retraités, considérés comme des inactifs, sont des actifs sociaux importants. Sans les 15 millions de retraités, notre tissu associatif serait plombé. L'accompagnement vers une retraite heureuse, en bonne santé, moins coûteuse pour la sécurité sociale et utile pour les autres est une urgence », affirme-t-il. Dans ces conditions, le vieillissement de la société doit devenir un levier d'innovations économiques et sociales. La transmission de valeurs, de savoirs et de connaissances entre les différentes générations doit, ainsi, être favorisé.
Viser les plus jeunes
C'est ce que promeut, notamment, le Club Acteurs de la Prévention, une association créée il y a six ans et coprésidée par le Dr Jacques Wemaere, vice-président de l’Union française de santé bucco-dentaire, et Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO). À l'occasion des élections présidentielles, ce « think tank » dédié à l'amélioration des connaissances et de l'accès à la prévention appelle les candidats à intégrer dans leurs programmes les moyens de « faire de la prévention dès le plus jeune âge » (dans les crèches et les écoles). « Les enfants ne sont pas seulement une cible en termes de prévention et d'éducation à la santé. Ils peuvent devenir des prescripteurs auprès de leurs parents et de leur entourage proche », indique Stéphanie Pistre, coordinatrice du Club Acteurs de la Prévention. Pour cela, la prévention ne doit pas être vécue comme une contrainte mais être présentée de façon ludique. « Les nouvelles technologies (applications mobiles, objets connectés…) sont de bons moyens de favoriser la prévention au sein de la population. Il faudrait que chacun puisse contrôler sa santé grâce à des données partagées par le patient, le médecin, le biologiste et le pharmacien. Nous proposons ainsi qu'en plus du DMP soit créé un carnet de santé numérique visant à accompagner le patient dans son parcours de santé, dès le plus jeune âge », explique Stéphanie Pistre.
Agir à l'hôpital
Le Club Acteurs de la Prévention invite également l'Union européenne à accompagner davantage l'innovation européenne (ingénieurs, chercheurs dédiés à la prévention santé). L'association souhaite aussi faire de la prévention à l'hôpital. « Accompagnés d'acteurs privés et publics (biologistes, médecins, infirmiers…), nous souhaitons mettre en place des actions d'éducation et de prévention à l'hôpital auprès des patients, de leurs familles, mais aussi des soignants. Pour cela, nous lançons cette année un groupe de travail hybride (entre le Club Acteurs de la Prévention et le Cercle Sens & Santé*) dont l'objectif est de créer un projet de prévention pilote au sein d'un ou deux hôpitaux français », précise Stéphanie Pistre. Enfin, pour mutualiser et propager les initiatives de prévention (privées et publiques) sur le territoire national et les faire partager par l'ensemble de la société, le « think tank » milite en faveur d'un secrétariat d'État (ou d'une délégation interministérielle) dédié à la prévention. « Le budget de la prévention devrait, également, à l'avenir être inscrit dans le PLFSS », conclut Stéphanie Pistre.
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