Désertification médicale : dans la Creuse, un centre de santé veut faciliter la venue de généralistes à diplôme étranger hors UE

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Publié le 11/04/2022

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« On a tout fait, tout essayé ». Face à la désertification médicale, l'association du centre de santé pour le secteur de Bellegarde-en-Marche, dans la Creuse, joue ses dernières cartes. Elle a écrit à Emmanuel Macron et Olivier Véran pour que les praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue) puissent effectuer leur parcours de consolidation au sein des centres de santé, et en l'occurrence dans celui de cette commune.

De fait, d'ici à début juillet, la commune sera « officiellement » un désert médical, explique Alain Grass, vice-président de l'association locale. Le seul généraliste qui y exerce – et qui suit 1 500 patients – partira à la retraite. Les autres médecins de famille installés aux alentours ne prennent plus de nouveaux patients, quand ils ne sont pas proches de la retraite eux-aussi… « Nous avons donc décidé de monter un centre de santé, mais nous avons besoin d'au moins deux médecins pour le faire tourner, si on part sur une base de salariat aux 35 heures pour un bassin de 3 000 patients environ », souligne Alain Grass. Un médecin franco-algérien, le Dr Tarik Benchemam, serait prêt à officier dans le centre, secondé par le généraliste de la commune en cumul emploi retraite.

Pas de dérogation possible

Mais ce praticien, diplômé en Algérie où il était notamment médecin de l'ambassade de France, n'a pas encore passé les épreuves de vérification des connaissances (EVC), qui se tiendront en novembre. À la suite de ces épreuves, il devra encore exercer pendant deux ans en milieu hospitalier pour effectuer son « parcours de consolidation ». D'où la demande urgente du centre de santé de modifier la loi afin de pouvoir accueillir le Dr Benchemam immédiatement au sein du centre municipal, sans passer par un exercice hospitalier préalable.

Au-delà de ce cas particulier, l'association fait valoir que le vivier des médecins à diplôme étranger hors UE « offre une ressource rapidement disponible et d'une qualité garantie par un concours national très sélectif » avec de nombreux candidats « déjà expérimentés et parlant bien le Français. » Le message est clair : ces renforts doivent pouvoir bénéficier au secteur ambulatoire – et donc aux centres de santé – alors que le recrutement est « préempté pour les hôpitaux ». 

Pour l'instant le ministère de la Santé, par le biais de l'agence régionale de santé (ARS), a fait savoir « qu'aucune dérogation à la réglementation actuelle » sur les Padhue n'était possible ; mais la commune ne désespère pas d'une réponse favorable de l'Élysée après l'élection présidentielle. « Les habitants et les élus deviennent fous ! La Creuse est l'un des départements les plus âgés de France, avec beaucoup de patients atteints de pathologies chroniques. Ces détresses vont empirer, alerte l'élu local. La santé publique ne devrait pas avoir de couleur politique. »


Source : lequotidiendumedecin.fr