Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ont réuni mercredi le gouvernement au grand complet pour caler le menu et la stratégie des prochains mois, avec le difficile défi de concilier urgence climatique, plein emploi, sobriété énergétique et défense du pouvoir d'achat.
Des feuilles de route ont été adressées à chaque ministre, qui seront rendues publiques, ainsi qu'« une liste de 60 politiques prioritaires du gouvernement, accompagnée d'objectifs précis », a détaillé la Première ministre à l'issue du séminaire, qui a réuni les 42 membres du gouvernement (ministres délégués et secrétaires d'État compris).
Transition écologique, plein emploi, souveraineté et égalité des chances sont les quatre « batailles » que le gouvernement entend mener. Et c'est dans le cadre de la bataille de l'égalité des chances que figurent les transformations du système de santé.
Pas de loi de santé mais des objectifs clairs
À ce stade, aucune nouvelle loi de santé spécifique n'a été évoquée contrairement à beaucoup d'autres textes à venir (assurance-chômage, énergies renouvelables, programmation militaire, justice, énergie-climat mais aussi immigration, plein emploi, éducation et Jeux Olympiques…). Mais la santé et la prévention figurent bien au rang des « politiques prioritaires ».
Les défis dans ce domaine sont d'abord résumés en quelques chiffres : « plus de 4 millions de Français » qui vivent encore dans un désert médical ; des carences en matière de prévention alors qu'une nouvelle dynamique « permettrait d’éviter chaque année 40 % des nouveaux cas de cancers et près de 50 000 AVC » ; mais aussi une quête de sens pour les soignants, la crise sanitaire ayant été un « choc frontal ».
Vers une logique territoriale
Dans ce contexte, la synthèse du séminaire gouvernemental énumère ici plusieurs chantiers : ancrer la prévention « dans le quotidien des Français tout au long de la vie », lutter contre toutes les inégalités d’accès à la santé et les déserts médicaux ; « refonder notre modèle hospitalier », et ce « dans une logique territoriale » ; ou encore répondre aux difficultés de recrutement et de fidélisation dans les métiers de la santé et du social.
Le même document revendique l'objectif de « faire de la France le leader européen de l’innovation en santé d’ici 2030 », un projet déjà mentionné par Emmanuel Macron. La stratégie One Health n'est pas oubliée puisqu'il convient d'« améliorer notre préparation et nos réponses aux risques sanitaires, dans une logique de santé globale ».
Les textes financiers, épreuve de l'automne
Enfin, Matignon affiche sa volonté de favoriser le « bien vieillir à domicile » (logements, services et lutte contre l’isolement sont cités) et dans des Ehpad « modernisés ». Ces derniers ont vocation à devenir des lieux de vie « mieux médicalisés », avec davantage de personnels pour accompagner nos aînés (50 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires à l'horizon du quinquennat).
« Nous mènerons dès le mois de septembre, territoire par territoire, des concertations pour faire émerger des solutions adaptées », a assuré Élisabeth Borne, en écho à la méthode déjà présentée dans nos colonnes par le ministre de la Santé, François Braun.
Sans surprise, « les semaines suivantes seront également marquées par l'examen des textes financiers, le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale », a ajouté la locataire de Matignon. Ces chantiers rituels de l'automne seront autant d'épreuves politiques pour le gouvernement, privé de majorité absolue à l'Assemblée.
Consultation sur la fin de vie
Comme prévu enfin, le Président installera le 8 septembre le Conseil national de la refondation (CNR), qui réunira des forces politiques, économiques, sociales et associatives, mais qui est déjà boudé par les partis d'opposition et plusieurs syndicats. Cinq thèmes y seront abordés – la santé, le plein-emploi, l’école, le bien vieillir et la transition écologique.
Le gouvernement entend également organiser par ailleurs une consultation sur la fin de vie, dont les contours seront définis avec le Conseil consultatif national d'éthique.
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