La télémédecine a-t-elle la côte ? Pour le savoir, l'institut Odoxa a mené un sondage* auprès de 3 012 personnes et 522 professionnels de santé dont 254 médecins, entre le 13 et le 28 novembre 2019, pour l'Agence du numérique en santé (ancien ASIP).
Pour ou contre, impossible de trancher pour les patients et les soignants ! La télémédecine n'est ni toute noire, ni toute blanche.
Côté patients, l'image de la pratique est globalement bonne (60 %). Près de sept sur dix jugent même que la télémédecine leur fait gagner du temps ainsi qu'au médecin. C'est aussi un moyen efficace de « reconnecter les territoires en déserts médicaux » (66 %). Ce taux varie selon les régions. Les habitants des Pays de la Loire (45 %), de l'Occitanie (45 %) ou de l'Île-de-France (44 %) se montrent davantage favorables à recourir à la télémédecine que les Normands (31 %) ou les habitants du Grand Est (36 %).
Cet intérêt des patients ne les empêche pas d'émettre des doutes sur cette nouvelle pratique. Trois sur quatre craignent même une « déshumanisation » de leur relation avec leur médecin.
Sur les 29 % de Français qui ont expérimenté la télémédecine et n'ont pas jugé l'expérience satisfaisante, le plus grand nombre pointe la technique (image pas nette, problème de connexion) et des conditions de prise en charge ne garantissant pas une confidentialité suffisante.
Les médecins interrogés sont, à quelques détails près, tout aussi partagés. Eux aussi ont une excellente connaissance de la télémédecine (98 %) et une bonne image de cette pratique, même s'ils estiment comme les patients que la télémédecine déshumaniserait leur relation (68 %). Ils sont également 73 % à craindre des risques de piratage des données de santé, et même 71 % à se méfier des erreurs médicales « plus importantes » qui peuvent en découler.
S'ils se montrent beaucoup plus satisfaits sur le plan technique (63 %), certains professionnels reconnaissent eux aussi des problèmes au niveau du son, de l'image, de la connexion et de la fiabilité du système. 43 % des médecins qui n'ont jamais téléconsulté blâment le manque d'outils pour cela et 43 % mentionnent leur préférence de voir leurs patients en présentiel.
D'après le sondage, 6 % des Français et 13 % des médecins ont déjà expérimenté la téléconsultation. En moyenne, les praticiens qui l'ont déjà pratiquée ne se contentent pas d'un seul acte : 21 % ont effectué plus de 30 actes mais 39 % en ont réalisé entre 1 et 5. Contrairement à l'adage, l'essayer, ce n'est donc pas forcément l'adopter. Un professionnel de santé sur deux (51 %) seulement déclare que « la téléconsultation est désormais inscrite dans [ses] pratiques ».
Des marges d'amélioration existent auprès de certains patients et pour certains actes. Les médecins citent les patients qui connaissent des problèmes de déplacement, les patients handicapés, les actifs aux horaires décalés ou les patients qu'ils suivent depuis longtemps. La téléconsultation pourrait aussi être « bien adaptée » au suivi des résultats d’examens complémentaires (biologie ou radiologie), pour un complément d'information, la surveillance d’un traitement ou la réévaluation au 2e jour de traitement.
En revanche, ils estiment que la téléconsultation ne conviendrait pas aux nourrissons (85 %) et enfants (66 %), aux femmes enceintes (66 %) ou aux patients déments (82 %) ou traumatisés (86 %).
* Échantillons de 3 012 personnes dont 2 630 patients ayant eu dans l'année une consultation au cabinet (84 %) ou à l'hôpital (60 %). Échantillon de 522 professionnels de santé dont 254 médecins (116 généralistes et 138 spécialistes) et 268 infirmiers et infirmières.
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