Entendu mardi, pendant plus de trois heures, par les députés de la commission d'enquête sur l'impact, la gestion et les conséquences de l'épidémie de Covid-19, le Premier ministre Jean Castex a récusé toute forme d'impréparation face à la deuxième vague – reconnaissant toutefois une brutale accélération pandémique à la rentrée qui a pris tout le monde « de revers » et qu'il était « extrêmement difficile d'anticiper ».
Interrogé par le rapporteur de la commission Éric Ciotti (Alpes-Maritimes, LR), précisément sur un manque d'anticipation et une occasion manquée à la mi-septembre, lorsque de nombreux scientifiques sonnaient l'alerte, Jean Castex s'est défendu de tout « temps de retard ». Il a rappelé avoir pris plusieurs décrets cet été notamment sur le port du masque. « Je ne crois pas qu'à ce moment-là on m'ait accusé que ce fut trop mou. Parfois on n'en fait pas assez et parfois on n'en fait trop, peut être que la vérité se trouve au juste milieu », a-t-il indiqué, rappelant comme son prédécesseur devant la même commission que le discours scientifique n'avait « jamais été unanime ».
Le chef du gouvernement (qui fut le monsieur déconfinement d'Emmanuel Macron avant d'accéder à Matignon) a toutefois reconnu une erreur, le fait d'avoir déconfiné « un peu trop » le pays. Mais « peut-être aussi que le peuple français a cru que cette épidémie était derrière nous, et que les gestes barrières n'ont pas été respectés avec suffisamment de zèle », a-t-il nuancé.
Éviter les dilemmes éthiques
Questionné sur les déprogrammations dans les hôpitaux, parfois mal vécues par les médecins et les patients, Jean Castex a souligné qu'il s'agissait de mesures ciblées d'anticipation, différentes de celles prises lors de la première vague. « La déprogrammation est beaucoup plus dolosive aujourd'hui, il faut donc faut faire en sorte que les gens n'arrivent pas en réanimation, d'où les mesures actuelles de confinement », a-t-il plaidé.
Et même si la France peut théoriquement armer jusqu'à 10 000 lits de réanimation en redéployant les personnels, l'objectif n'est pas de les atteindre, estime Jean Castex, car les ressources humaines médicales et paramédicales spécialisées en réanimation ne sont pas suffisantes. « Il faut à tout prix éviter de mettre les médecins dans le dilemme éthique consistant à choisir entre les patients. [...] La situation des hôpitaux reste très difficile », rappelle-t-il.
Dispositions de freinage
Longuement interpellé sur les modalités du futur déconfinement, Jean Castex a donc prévenu que « des dispositions de freinage perdureront », par exemple dans certains établissements recevant du public, afin d'éviter « le stop-and-go » (alternance de confinements/déconfinements). Le Premier ministre a rappelé qu'une échéance au 1er décembre avait été fixée par Emmanuel Macron. « On fera les annonces dès que nous aurons calé les décisions, il faut que les taux d'incidence continuent d'être orientés à la baisse, que les services de réanimation soient moins saturés », a-t-il souligné.
La phase suivant le déconfinement devrait être marquée par un accroissement de la politique de tests avec l'arrivée de la nouvelle génération de tests antigéniques.
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