LE QUOTIDIEN : Quel est l’intérêt de l’écho-chirurgie du canal carpien ?
Dr PETROVER : L’écho-chirurgie c’est la chirurgie sous échographie. Aujourd’hui, les nouveaux appareils d’échographie, permettent de voir parfaitement le nerf médian et toutes les variantes anatomiques du poignet à risque pour une intervention chirurgicale classique du canal carpien. Actuellement les patients ont le choix entre une chirurgie à ciel ouvert limité (mini-open) (qui nécessite l’ouverture cutanée) ou l’endoscopie. La révolution de l’écho-chirurgie combine les avantages des deux techniques : voir le nerf sans ouvrir et contrôler sous imagerie le geste en continu. Au final, l’intervention de 5 minutes permet une reprise des activités plus rapide en ne laissant qu’une cicatrice de 4 mm, soit près de dix fois moins qu’un abord chirurgical classique.
Comment se déroule l’opération ?
Une échographie de repérage est réalisée avant l’intervention. Le patient est allongé, sous simple anesthésie locale, on incise au pli du poignet avec une micro-lame. Techniquement, dans la main gauche, la sonde d’échographie permet le guidage, dans la main droite, le microbistouri progresse en sécurité à distance du nerf médian et de ses branches. Une fois positionné sous le ligament annulaire antérieur du carpe, celui-ci peut-être sectionné de manière rétrograde. Il ne faut que 3 à 8 minutes pour réaliser le geste. À la fin de l’intervention, on ne suture rien, un pansement suffit. L’abord fait 3 millimètres contre 20 millimètres en endoscopie et 40 millimètres pour la chirurgie classique mini-open. Quand on revoit le patient à J 5, il n’y a pas de cicatrice.
La technique a-t-elle fait l'objet d'une évaluation ?
Les prémices de l’écho-chirurgie remontent à 2010 lorsque le Dr Ken-ichi Nakamichi, un chirurgien de la main japonais a utilisé un appareil d’échographie pour s’aider durant son geste opératoire. Il a publié une étude de cas sur 74 patients comparant l’écho-chirurgie à la chirurgie à ciel ouvert limité par mini-open. L’échochirurgie permettait une reprise plus précoce avec moins de complications mineures. En France nous sommes deux à avoir développé l’écho-chirurgie. Le Dr Bertrand Lecoq (rhumatologue) a publié en 2015 une étude de faisabilité en salle de radiologie interventionnelle. Réalisée chez 39 patients, elle montrait qu'une reprise du travail était possible sous 10 jours. Nous avons publié en 2016 dans la revue « CardioVascular and Interventional Radiology » la plus importante série sur l’écho-chirurgie, avec 128 cas opérés par une technique encore moins invasive. Nos résultats démontrent que la technique est sûre, sans complications et rapide : les patients vont tous très bien et sont tous très étonnés de voir qu’au bout de trois à quatre jours, il n’y a plus de cicatrice et qu’ils peuvent reprendre leur activité.
L'intervention nécessite-t-elle une maîtrise particulière ?
L’écho-chirurgie, est une branche de la radiologie interventionnelle, il faut donc parfaitement maîtriser l’échographie, et les gestes sous guidage de l’imagerie. En radiologie interventionnelle, nous avons l’habitude de faire du mini-invasif. C’est surtout un apprentissage de l’anatomie. En tant que radiologue spécialisé en interventionnel et en ostéo-articulaire depuis 15 ans je pratique un grand nombre de gestes sous échographie. Pour moi, c’était une suite logique de remplacer un geste d’infiltration du canal carpien par une libération complète : au lieu d’utiliser une aiguille pour infiltrer, autant mettre la lame pour couper le ligament. Techniquement il n’y a pas de grande différence entre les deux. L’important c’est de bien voir ce que l’on coupe et l’échographie le permet. Une révolution pour certains actes de chirurgie.
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