Entretien

Dr Stefano Ceccarelli : « Il n’y a aucun exemple de ce type dans la littérature médicale »

Publié le 10/12/2015
Article réservé aux abonnés
LE QUOTIDIEN : Quel type d’équipement avez-vous utilisé pour la filtration du plasma ?

Dr STEFANO CECCARELLI : L’instrument utilisé est équipé de deux colonnes qui décomposent le sang et prélèvent les substances que nous souhaitons éliminer comme les LDL chez les patients atteints d’hypercholestérolémie familiale par exemple. Pour la première fois, la société de production a conçu des colonnes qui décomposent le sang en sélectionnant seulement les IgE. Une plasmaphérèse classique élimine certains éléments du plasma du patient avec parmi eux, de bons composants comme les facteurs de la coagulation. Le nouveau protocole que nous avons utilisé permet de réduire spécifiquement le nombre d’immunoglobulines. Lorsque le plasma entre dans la première colonne, les IgE sont automatiquement séparées. Le plasma passe alors dans l’autre colonne où sont stockés les globules rouges. Puis, il est réinjecté chez le patient. Ces colonnes ont un niveau de saturation. Lorsque tous les anticorps ont saturé une des deux colonnes, le plasma passe dans la deuxième et la première est régénérée. Le cycle est donc continu.

Combien de temps a duré le traitement et l’enfant a-t-il eu des rechutes ?

Nous avons dû effectuer plusieurs procédures de « lavage » du plasma. Au lendemain de la première intervention, le niveau d’immunoglobulines était remonté. L’enfantl a maintenant une bonne qualité de vie. Il n’est plus dépendant des kits d’adrénaline et peut avoir une alimentation normale compte tenu naturellement des limites qui lui sont imposées.

Est-ce la première fois qu’un tel protocole est appliqué ?

Il n’y a aucun exemple de ce type dans la littérature médicale. De patients adultes ont été traités en Allemagne mais les résultats sur l’élimination des IgE n’ont pas été publiés. Pour effectuer ce type de traitement pour la première fois et sur un enfant et éviter de tomber dans la catégorie des tests expérimentaux, nous avions besoin de données. Selon des résultats fournis par le fabricant, le patient ne courrait aucun risque d’un point de vue médical. À part, celui d’un échec. Dans ce cas, nous n’aurions pas pu passer à la phase du traitement médicamenteux, l’enfant aurait continué à vivre dans des conditions difficiles, c’est-à-dire avec la hantise d’un choc anaphylactique.

Propos recueillis par notre correspondante Ariel F. Dumont

Source : Le Quotidien du Médecin: 9457