LE QUOTIDIEN : Pionnière il y a 13 ans, votre équipe a une expérience inégalée dans le diagnostic rapide en France. Quel bilan faites-vous aujourd'hui de ce dispositif qualifié de « révolutionnaire » à l'époque ?
Dr SUZETTE DELALOGE : Depuis 2004, 18 000 femmes ont été vues en diagnostic rapide à l'IGR. Une fois par semaine, le lundi, notre structure reçoit 25 à 30 femmes dans un délai moyen de rendez-vous de 9 jours. Pendant des années, le diagnostic de cancer a été posé chez 35-40 % des femmes. Le chiffre a augmenté à 60 % aujourd'hui car la démographie a changé et les populations venant consulter ne sont plus les mêmes.
Le gros avantage est que tous les examens nécessaires sont réalisés au même endroit. Dès le début, la prise en charge est multidisciplinaire avec sénologues, radiologues, chirurgiens, oncologues, anatomopathologistes, etc., ce qui évite les hésitations, les étapes supplémentaires inutiles. Les femmes sont entourées tout au long de la journée, on s'occupe d'elles et on leur explique bien les choses en direct.
Quels bénéfices pour les femmes ? Y a-t-il des gains sur la survie ?
L'initiative était décriée au départ, avec la crainte de générer beaucoup d'angoisse chez les femmes et de faire du surdiagnostic. En réalité, le diagnostic en un jour est pertinent avec une vraie valeur ajoutée psychologique. En cas d'anomalies bénignes, les femmes sont rassurées le jour même, c'est énorme. On ne peut pas dire que le diagnostic rapide améliore le pronostic de façon globale, mais il y a de réels bénéfices pour les 20-25 % de cancers graves qui sont pris en charge très rapidement, notamment les femmes jeunes, enceintes.
Quels éléments vous semblent essentiels pour qu'une structure de diagnostic en un jour fonctionne bien ? Un tel dispositif est-il envisageable dans des établissements plus petits ?
La clef du succès est de travailler en équipe dans une seule unité de lieu et de réunir des gens qui ont envie de travailler ensemble. Ici, on adresse les femmes à une équipe globale et non à un médecin en particulier, cela demande à chacun d'être modeste et de faire preuve de confiance. C'est tout à fait possible de monter une telle consultation dans des structures plus petites, comme c'est le cas au centre anticancéreux de Rouen. Le modèle peut être différent, avec un diagnostic en 1 semaine par exemple. Ce qui compte, c'est d'aller vite et de disposer d'un parc technique de qualité, permettant de faire des examens discriminants tels que l'angio-mammographie, la tomosynthèse ou l'IRM.
Que pensez-vous de l'élargissement du diagnostic rapide à d'autres cancers ? Comment envisagez-vous l'avenir ?
C'est une bonne chose. La valeur ajoutée peut être même supérieure au cancer du sein, ce peut être très, très intéressant. À l'IGR, une consultation de diagnostic rapide a été ouverte pour la thyroïde, car il y a beaucoup de faux positifs, et cela permet de rassurer rapidement. Dans certains cancers agressifs, le diagnostic rapide peut avoir un impact majeur sur la survie quand il n'y a pas une minute à perdre pour la mise en route du traitement. À l'avenir, le diagnostic rapide devra s'enrichir et proposer davantage de médecine moléculaire.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships