« Shame on Macron ! » « Macron, complice du sida ! » Absent remarqué de l'ouverture de la conférence scientifique de la société internationale sur le sida (AIDS), qui se tient du 23 au 26 juillet à Paris, le président français en a pris pour son grade lors de la session inaugurale du congrès, dimanche soir.
Dès le début du discours de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, des militants d'Act-Up, d’Aides, et de Coalition ont interrompu la session plénière. Les reproches des associations se concentrent sur la réduction de près de 158 millions d’euros (publiée au journal officiel du 21 juillet) de l'aide au développement et sur la diminution de 331 millions du budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La France ne respecterait ainsi plus sa promesse d’allouer 0,7 % de son revenu national brut à l'aide au développement.
Le calme revenu dans le palais des congrès, la ministre tente l'apaisement : « la lutte contre le sida n'aurait pas été la même sans les activistes. Merci pour cela », commence-t-elle avant de rappeler que « la France est le premier contributeur de l'UNITAID ». Plusieurs voix continuent pourtant à s'élever, reprochant la présence d'un « ministre homophobe » en la personne de Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics.
D'autres annonces plus anciennes n'ont pas été oubliées par le milieu associatif, comme le report des négociations sur la taxe sur les transactions financières européennes et la suppression de la taxe sur les transactions intra-journalières dont le revenu devait être dédié à la solidarité internationale, à la santé et au climat.
« Le gouvernement français doit [...] honorer les engagements financiers pris par ses prédécesseurs en décaissant les 55 millions d’euros manquant au Fonds mondial pour l’année 2017 et relevant à 110 millions d’euros sa contribution annuelle à UNITAID », affirment l'Action Santé Mondiale (GHA), le Planning familial, Sidaction et Solthis dans un communiqué exigeant une hausse de 1,5 milliard d’euros des montants de l’aide pour le développement.
De nombreux soutiens
Les militants ont rapidement été rejoints dans leur propos par la militante transgenre Giovanna Rincon, porte-parole des communautés et acteurs communautaires, chargée de porter la « Déclaration de Paris » visant à inciter les gouvernements à poursuivre l'investissement dans la recherche contre le sida.
« Dans le passé, la France était à la pointe de la lutte contre l’épidémie, mais aujourd'hui ? Où est la France ? Où est le courage politique ? Où est le président de la France ? », a-t-elle martelé, avant de détourner le slogan de campagne de Donald Trump : « Président Macron don't make the epidemic great again. » Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, s'est joint à la contestation. « J'avais écrit un discours, mais il n'est désormais plus pertinent », a affirmé celui qui, il y a quelques jours, avait présenté les chiffres encourageants du dernier rapport de l'ONUSIDA.
« Tout cela n'aurait pas été possible sans l'activisme, sans les communautés, et nous ne pouvons accepter qu'il manque encore 7 milliards de dollars pour lutter contre l'épidémie, dont 1,9 milliard en Afrique de l'Ouest. Nous assistons pour la première fois au déclin des donneurs et plus de la moitié des ressources consacrées à la lutte contre le sida viennent des pays directement impactés, a-t-il détaillé. Si nous continuons dans cette direction, nous finirons par assister à un rebond de l'épidémie, et ce n'est pas acceptable : nous avons déjà vu trop de gens mourir. »
L'ensemble des leaders politiques visés
Emmanuel Macron n'est pas le seul chef d'Etat interpellé par les associations. Le discours introductif de l'IAS des Prs Jean-François Delfraissy (ancien directeur de l'ANRS) et Linda-Gail Bekker (Desmond Tutu HIV Centre en Afrique du Sud et présidente de l'IAS) ont également été « piratés » par des manifestants sud-africains militant pour « moins de paroles et plus d'actions », et une « égalité d'accès aux traitements antirétroviraux ».
Venus porter hommage à Prudence Nobantu Mabele, célèbre figure sud-africaine engagée contre les violences faites aux femmes et les discriminations à l'encontre des séropositifs, décédée le 10 juillet dernier, les associations ont manifesté leur mécontentement face à l'inaction politique.
« Les gouvernements doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour briser l'étranglement que nous subissons face aux prix des traitements. Nous avons aussi besoin de nouveaux traitements contre les maladies opportunistes et la tuberculose, pourquoi est-il si compliqué d'en mettre au point ? », questionne une militante montée sur la scène aux cris d’« action now ! ».
Le président corrige le tir
L'Élysée communiquait dès dimanche soir un complément à l'agenda du président de la République. Il est précisé qu'Emmanuel Macron recevra ce lundi après-midi des responsables d'associations de lutte contre le sida.
Le chef de l'Etat doit ainsi rencontrer Florence Thune, directrice générale de Sidaction, Linda-Gail Bekker, co-présidente de la conférence de Paris et présidente de l’International Aids Society, François Dabis, directeur de l'ANRS (France Recherche Nord Sud Sida-hiv Hépatites virales), et Yves Levy, directeur de l'Inserm et du programme de recherche vaccinale Vaccine Institute Research.
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