Pour sauter le pas, François Hollande devait s’assurer d’abord qu’il pouvait recomposer le paysage politique. Les attentats du 13 novembre dernier et la persistance d’un chômage de masse ont suggéré à quelques personnalités la possibilité de recourir à l’union nationale pour gérer différemment le pays. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin aura été, pendant moins de deux mois, l’homme du rapprochement. Il s’est heurté à une double résistance : celle des ténors des Républicains, tout à la préparation de la primaire, et qui auraient été considérablement dérangés par un séisme idéologique ; et celle de la majorité pour des raisons semblables. M. Hollande ne se voyait pas ouvrir les bras à la droite, s’aliéner encore davantage l’aile gauche du PS, se lancer dans une politique économique qui lui aurait valu un tir de barrage syndical et politique.
Fin de l’histoire. Et fin d’un espoir sérieux de réduction du taux de chômage en France. M. Macron a perdu cette bataille, mais aussi son rôle central au sein du gouvernement, celui de l’aiguillon qui rappelle tous les matins à ses collègues la nécessité d’un changement de gouvernance plus profond que celui qui a été adopté. Il est tellement déçu qu’il songerait à quitter ses fonctions. L’excellente relation qu’il avait avec le Premier ministre, Manuel Valls, s’est effilochée depuis qu’augmente insolemment la popularité du jeune ministre. Ne voilà-t-il pas que, dans un sondage, une forte proportion de Français disent souhaiter que M. Macron soit candidat à la présidentielle alors même que M. Valls, ligoté par sa loyauté envers le président de la République, a renoncé à se présenter en 2017 si M. Hollande est candidat pour un second mandat !
Sur cette rivalité entre le plus jeune et le moins jeune viennent se greffer de sérieuses différences en matière de tactique politique. M. Macron estime que la multiplicité des attentats s’explique par l’état de déshérence dans lequel la précarité et le chômage ont plongé une partie de la population, celle-là même que, naguère, M. Valls percevait comme victime de l’apartheid. Mais le chef du gouvernement a changé d’avis, sans doute pour minimiser les propos de son fougueux ministre : le terrorisme, dit-il aujourd’hui, est une affaire de sécurité.
Une tâche trop difficile.
Il a raison, bien sûr, car tous les chômeurs ne deviennent pas des djihadistes. Mais la question porte désormais sur le fonctionnement d’un tandem que l’on croyait harmonieux et qui ne l’est plus. Quelle que soit son ambition, M. Macron a l’avantage de mépriser les tabous et de s’employer à les briser. Ses idées auraient été renforcées et peut-être appliquées si l’idée d’un consensus droite-gauche contre le chômage avait pris corps, si les trois présidents de région de droite élus grâce au désistement de la gauche avaient pu être intégrés dans une démarche qui aurait décentralisé la lutte en faveur de l’emploi, si, tout à coup, la classe politique dans son ensemble avait été saisie par la grâce. Mais c’était, il est vrai, demander au chef de l’État de donner plus qu’il ne pouvait à un an des élections présidentielle et législatives. C’était aussi demander à la droite un sacrifice excessif alors qu’elle voit s’entrouvrir les portes de la victoire. La recomposition des forces politiques exige du temps, de la patience et un minimum de sérénité dont personne ne dispose. 2017 crée des appétits inextinguibles, l’urgence pour chaque candidat potentiel de s’identifier, la familiarité du climat politique « normal », celui où la gauche et la droite ont des places et des positions bien précises. Le temps passe si vite et, en même temps, ce terrible problème de croissance qui nous mine depuis plus de quarante ans ans crée des situations tellement insupportables ! Une chance a été perdue, mais il faut bien le dire, elle était des plus ténues.
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