Pandémie grippale
VOILA DONC les premiers médecins victimes de la grippe A(H1N1). Ces 500 fonctionnaires de l’État sont « conduits à un épuisement » par leur mission de veille sanitaire en période pandémique. Ils l’ont écrit dès le mois d’août à la ministre de la Santé, à laquelle ils ont adressé « un appel solennel » pour qu’elle prenne en compte le contexte sanitaire et institutionnel de fonctionnement des services de santé depuis le début de l’épidémie de grippe A(H1N1) et la situation des MISP, mobilisés au sein des services du ministère, des DDASS et des DRASS. Signalements, enquêtes, expertises, avis, synthèses et notes se télescopent depuis le mois de mai.
« Tous les jours, explique le Dr Brigitte Lacroix, présidente du SMISP, nous sommes sollicités de toutes parts au téléphone : une infirmière nous demande où se procurer du matériel de protection, un directeur d’hôpital ne sait pas comment organiser son annexe pandémie, des confrères s’interrogent sur la conduite à tenir dans des cas particuliers et les ministères nous demandent des évaluations de différentes natures. Pour tous ces interlocuteurs, nous sommes des filtres d’information instantanée. » Selon les départements, les situations diffèrent : un médecin se consacre à temps plein aux problématiques grippales lorsque la DDASS dispose de plusieurs MISP, tandis que le médecin inspecteur qui travaille seul doit s’efforcer de jouer l’homme-orchestre pour toutes les missions : pendant la grippe, la surveillance des méningites, toxi-infections alimentaires, tuberculose et autres pollutions ne sont pas interrompues. Les périodes d’astreinte ne sont pas suspendues. Et, quel que soit l’effectif des médecins, tous les cas groupés (à partir de trois patients) doivent faire l’objet d’une enquête complète.
Priorisation des missions.
Cet engorgement des multiples missions inquiète le SMISP : « Nous éprouvons un besoin urgent de mise en cohérence et de priorisation de nos missions, insiste le Dr Lacroix, sous peine de ne plus pouvoir garantir leur bonne exécution. » De fait, l’abondance des donneurs d’ordre complique encore la tâche : DDASS, DRASS, ARH préfecture, ministère de l’Intérieur et ministère de la Santé fractionnent et multiplient les taches. Deux ministères font régulièrement remonter des informations identiques par des fichiers différents, à quelques jours de distance, se plaint la présidente du SMISP, qui redoute qu’avec la mise en place des ARS (Agences régionales de santé), la situation n’empire : « Nous craignons la multiplication des dysfonctionnements avec le brouillage des lignes hiérarchiques, l’éparpillement des différents corps techniques dans les futurs services, alors que nous n’avons jamais été en mesure de formuler auprès de la ministre de la Santé les propositions que nous avons élaborées de longue date pour mettre de l’huile dans les rouages administratifs. »
Les médecins inspecteurs souffrent depuis longtemps de leur situation de sous-effectif. Selon le Dr Lacroix, en quatre ans, « une cinquantaine de postes ont été supprimés, dans le cadre de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et autant de postes resteraient vacants. Aujourd’hui, la situation impose qu’une réflexion commune soit menée d’urgence au sein des ARS et qu’une politique de recrutement soit mise en uvre sans délai, afin que les compétences atteignent une masse critique suffisante et soient utilisées à bon escient. »
C’est ce qu’a écrit le SMISP à Mme Bachelot. Aucune réponse ne lui est encore parvenue. Mais le syndicat n’envisage pas de lancer de mouvement de protestation dans le contexte pandémique, les exigences de la santé publique primant sur celles de ses revendications.
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