LE QUOTIDIEN : Cette publication permet-elle de comprendre exactement ce qui s'est passé chez les patients victimes d'un syndrome neurologique au cours de l'essai ?
Pr GILLES EDAN : Elle permet au moins d'éliminer un certain nombre d'hypothèses. Nous pouvons désormais écarter la piste immunologique et l'origine génétique des troubles neurologiques. Les 4 patients de notre étude présentent tous une signature IRM identique, mais que nous n'avions jamais vue auparavant.
Le décès et les patients hospitalisés ont été victimes d'un effet direct du médicament sur le système nerveux central, mais pas celui attendu sur les d'endocannabinoïdes. Il s'agit donc bien d'un effet « off target » qui va être difficile à déterminer, car il existe des milliers de récepteurs susceptibles d'être impliqués.
On a beaucoup parlé de l'AVC dont aurait souffert un des patients.
Il est vrai que l'on a découvert fortuitement sur l'IRM d'un des patients les traces d'un infarctus de l'artère cérébelleuse. L'événement qui avait été silencieux, a dû survenir environ un mois avant le début de l'étude et n'est pas à l'origine de son hospitalisation. Les lésions observées dans le pont et l'hippocampe de ce patient ne sont pas différentes de celles des 3 autres patients et son tableau clinique est identique.
Comment a évolué l'état des volontaires de l'étude depuis leur hospitalisation ?
Leurs troubles neurologiques ont rapidement disparu, à l'exception d'un patient qui souffre toujours de troubles de la mémoire en cours de disparition. Il a d'ailleurs pu reprendre son activité professionnelle à temps plein.
Lors de l'admission du premier patient aux urgences, celui qui est décédé, les médecins ont suspecté un AVC et l'ont mis sous aspirine, puis on a cru à une piste infectieuse avant de finalement comprendre qu'on avait affaire à un processus inflammatoire. Quand les autres patients ont été admis à leur tour, ils ont pu être mis immédiatement sous corticoïdes, ce qui explique leur évolution favorable.
Suite la la publication de cette interview, le Pr Gilles Edan nous a signalé une confusion dans la retranscription de la réponse à la deuxième question et a souhaité apporter la rectification suivante :
« Le premier patient hospitalisé a été, à son entrée au CHU, suspect d’un AVC mais l’évolution clinique et IRM a formellement écarté cette première hypothèse. Chez un autre volontaire non hospitalisé, ayant eu une IRM systématique, des signes IRMs d’un infarctus dans le territoire de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure datant de plus d’un mois après sa réalisation ont été observés, mais le lien avec le produit toxique n’a pas été reconnu car la signature IRM des patients décrits dans le NEJM n’était nullement celle d’un infarctus dans un territoire artériel. Ainsi la conclusion initiale est que la toxicité du produit de l’étude est directe sur le tissu cérébral, ne passant pas par l’expression d’un AVC. »
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