Représentant officiel du corps médical au sein des institutions continentales, le Comité permanent des médecins européens (CPME) analyse chaque semaine, depuis fin avril, le vécu et la prise en charge de la pandémie par la profession à partir des données produites par les 38 associations nationales de praticiens qui le composent (l’Ordre fournissant les éléments concernant la France).
Au plus fort de la crise, la plupart des associations nationales ont ainsi remonté le nombre « trop faible » de médecins pour répondre aux besoins – d’autant que certains pays, comme la Hongrie, ont exclu d’emblée les praticiens âgés de plus de 65 ans ou, comme Malte, ont dû mettre jusqu’à 10 % de leurs médecins en quarantaine.
L'adaptation a été générale mais avec des leviers divers. L’Allemagne et la Grèce ont rapidement élargi les champs de compétence des étudiants non diplômés, tandis que la France, l’Italie et les Pays-Bas ont rappelé des médecins retraités. La Suède ou l’Espagne ont mobilisé et réaffecté les médecins spécialistes en fonction des priorités liées au Covid. De nombreux pays ont bénéficié de l’aide de praticiens originaires de pays peu touchés, comme des professionnels norvégiens envoyés en renfort en Italie. La solidarité a joué. Des dizaines de patients français ont été pris en charge par des hôpitaux allemands, luxembourgeois et suisses.
La pénurie de masques et de matériel de protection a représenté une autre constante durant la pandémie. L’Autriche, le Danemark et les trois États baltes sont les seuls pays à ne pas en avoir souffert… Certains pays ont rapidement adapté leur industrie textile à ces besoins – dont la France, l’Allemagne ou l’Italie – mais tous n’y sont pas parvenus, parmi lesquels la Suède, l’Espagne et le Royaume-Uni.
Le manque de respirateurs a été moins criant. Paradoxalement, l’Allemagne constitue un des rares pays à avoir fait état d'une carence au début de la crise… mais elle a vite corrigé le tir en en commandant 10 000 appareils dès le mois de mars. Les pays les plus affectés par les pénuries de matériel de protection et/ou de dispositifs de soins lourds ont été, selon leurs médecins, le Royaume-Uni, la Roumanie et, hors UE, l’Ukraine.
Héros et contentieux…
Si les soignants ont été salués un peu partout comme les « héros » de la crise, les médecins ont parfois été confrontés à des attitudes hostiles. En Belgique, en Roumanie et au Royaume Uni, des soignants ont été accusés par leurs voisins de « propager la maladie dans le quartier » — et des propos identiques ont été rapportés en France. Dans plusieurs pays, des soignants ont dû composer avec les critiques de citoyens jugeant leur travail inefficace ou inadapté. En Italie, des « conseillers juridiques » ont même pris contact avec des familles de malades pour les inciter à attaquer des médecins en justice pour des fautes supposées sur leurs proches.
Le Pr Frank-Ulrich Montgomery, qui préside le CPME après avoir longtemps été à la tête de l’Ordre des médecins allemands, a vivement dénoncé ce type de comportements hostiles et de menaces. À ses yeux, de tels actes, même isolés, ont aggravé la charge psychologique pesant sur les médecins, qui travaillaient déjà jusqu’aux limites de l’épuisement.
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