Soins annulés, chirurgies déprogrammées, transferts improvisés, personnels exténués… L’engorgement de la pédiatrie hospitalière cet automne est la crise de trop pour le système de santé. On dira, bien sûr, que c’est la faute à pas de chance. Et cela est en partie vrai, car c’est bien une vague de bronchiolite précoce, plus intense et sévère que d’habitude qui est à l’origine de la surchauffe. En même temps, dans ces services, le feu couvait depuis trop longtemps. L’an passé à la même période, le Collectif inter-hôpitaux avait déjà tiré le signal d’alarme, évoquant même ce qui fait tant polémique désormais : un risque de « tri » et de « perte de chance » pour les petits patients. Par la suite, les médecins de la spécialité avaient de nouveau alerté au début de l'été. Autant dire que, ces derniers mois, les indicateurs avaient déjà viré à l'orange.
Quoique centrée sur la médecine des enfants, cette crise est emblématique des problèmes du moment. D'abord parce qu'elle résume à elle seule l'asphyxie d'un monde hospitalier en mal de personnelet de spécialistes pour assurer les soins. Ensuite, parce que la pédiatrie se trouve, plus que d'autres disciplines, au carrefour de la ville et de l'hôpital. Et c'est là que ça coince. Les PH regrettent l'insuffisante prise en compte de la PDS par les libéraux. Ces derniers déplorent le manque de relève de la jeune génération en médecine ambulatoire. Au total, avec des effectifs en chute libre, la spécialité ne parvient plus à faire face. Selon la dernière enquête de « Que Choisir », quatre millions d’enfants de moins de dix ans (soit plus de 50 %) connaîtraient des difficultés pour accéder à un pédiatre.
Pour le pouvoir actuel, la brèche est d'autant plus urgente à colmater qu'il a fait de la petite enfance une de ses priorités. Au plan santé publique, la vaccination obligatoire et la stratégie des « 1 000 premiers jours » attestent de cette préoccupation. Au niveau sociétal, l'attention portée aux violences familiales en fait un des grands sujets du moment. L'opinion n’a d'ailleurs jamais été aussi réceptive à cette grande cause. Dans ces conditions, le gouvernement doit aussi permettre aux professionnels de santé de travailler normalement. C'est élémentaire, sous peine de donner l'impression de s'enferrer dans ses contradictions. Car, quoi ? La France de Macron interdit, pour la première fois, la fessée dans notre pays, mais elle se montrerait incapable d'assurer aux nourrissons un accès aux soins digne de ce nom ? Le paradoxe semble ne pas avoir échappé au Président, qui suit le dossier, jusqu'à faire convoquer la presse avenue de Ségur un dimanche pour annoncer des rallonges budgétaires in extremis. Les Assises de la pédiatrie du printemps pourraient offrir l'occasion au ministre de la Santé de décider de nouvelles mesures pour le secteur. Et on suggère à la Première ministre, qui organise lundi un « conseil des ministres des enfants », d'aborder le sujet avec ses jeunes hôtes. En espérant que, d’ici là, le plan Orsan suffise à prévenir tout incident grave dans nos hôpitaux.
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