DOUZE SÉROGROUPES de méningocoque (Neisseria meningitidis) ont été identifiés mais 99 % des infections invasives à méningocoque (IIM) sont dues à 5 serotypes : A, B, C, Y et W135.
-Le B est impliqué dans 65 % des IIM ; ses caractéristiques immunogéniques sont telles qu’il n’existe pas encore de vaccin contre ce sérogroupe.
-Le C est stable et est responsable de 25- 30 % des IIM actuellement. Plusieurs vaccins antiméningococciques C conjugués sont disponibles.
-Le A est localisé surtout en Afrique et en Amérique du Sud. Le Y est anecdotique et concerne 1 % des IIM. Le W 135 est présent en Arabie et la vaccination avec le vaccin A, C, Y et W135 conjugué (à partir de 11 ans) est recommandée pour les personnes se rendant à La Mecque.
L’homme est le seul hôte connu du méningocoque et rappelle le Dr Rodière : « Nous sommes environ 10 % dans la population générale, à être porteurs « sains » de méningocoques. Mais à côté de ce portage asymptomatique, le méningocoque peut donner lieu à des infections invasives : septicémie, méningite, arthrite, péricardite… Et à des complications graves : purpura avec nécrose cutanée conduisant à des amputations et à des décès.Par ailleurs, la coïnfection virus-virus ou virus-bactérie est fréquente. Ainsi, on constate souvent l’association entre un rotavirus et une salmonelle, entre un virus respiratoire syncytial et un méningocoque, entre un virus grippal et un méningocoque C ou B. »
Une infection particulièrement sévère.
La létalité globale des infections invasives à méningocoque est de 11 % (23 % en présence d’un purpura). Si les infections à méningocoque B sont plus fréquentes que celles à méningocoque C, ces dernières sont plus sévères (taux de mortalité de 19 % versus 10 % pour le méningocoque B). Le taux de purpura fulminans est aussi plus important dans les IIMC que dans les IIMB (39 % versus 26 %). Enfin, les séquelles (cicatrices, amputations, baisse d’acuité auditive) sont plus nombreuses dans les IIMC. L’audition doit être contrôlée dans les 48 heures qui suivent l’apparition d’une méningite et il est souvent nécessaire d’appareiller. « La surdité peut être due à la coïnfection virale, le virus des oreillons est un grand pourvoyeur de surdité ». L’insuffisance rénale est une autre complication potentielle d’une méningococcémie. Aussi, faut-il être très attentif si l’enfant n’urine plus car il peut rapidement être en hypoperfusion tissulaire et entrer en néphropathie de choc. C’est une complication gravissime en phase aiguë. « On voit aussi de plus en plus souvent des pleuropneumopathies à méningocoque C », remarque le Dr Rodière intervenant aux Urgences pédiatriques du CHU de Montpellier.
Les effets démontrés de la vaccination.
En Grande-Bretagne, la vaccination menée dans des conditions exemplaires à partir de novembre 1999, a conduit à une diminution de 90 % des IIMC dans la population générale entre 2000 et 2009 toutes tranches d’âge confondus. Ceci a été obtenu avec un taux de couverture vaccinale supérieur à 90 % pour la vaccination de routine et autour de 85 % pour le rattrapage. Un effet indirect a aussi été obtenu chez les enfants de moins de 3 mois (quasi disparition des cas d’IIMC) et chez les plus de 25 ans (diminution de 90 %), deux tranches d’âge qui n’ont pas été vaccinées. « Quand on vaccine le nourrisson, on protège le grand-père, constate le Dr Rodière. L’immunité acquise par la vaccination n’est pas seulement une immunité personnelle, c’est une immunité de groupe. Mais pour que cela fonctionne, il faut, comme cela a été le cas en Grande-Bretagne, obtenir rapidement une couverture vaccinale de plus de 85 % de la population. »
Sera-t-on capable en France de vacciner rapidement 85 % de la population ?
Le HCSP recommande depuis avril 2009 de vacciner systématiquement les nourrissons à partir de l’âge de 12 mois avec une seule dose de vaccin méningococcique conjugué de sérogroupe C. Il recommande aussi l’extension de cette vaccination (rattrapage) jusqu’à l’âge de 24 ans révolus selon le même schéma à 1 dose. La vaccination antiméningococcique C est donc recommandée pour tous avec une seule dose de vaccin entre 1 an et 24 ans.
Pourquoi la vaccination n’est-elle pas préconisée avant l’âge de 1 an ?
Les experts ont estimé que le calendrier vaccinal étant déjà très chargé pendant la première année de vie, il ne serait pas raisonnable d’ajouter une vaccination supplémentaire. Cependant, précise le Dr Rodière, si un enfant de moins d’un an est sujet contact d’une méningite C, ce n’est plus la recommandation de groupe qui prime mais la recommandation individuelle concernant les sujets contacts. Les vaccins méningococciques C peuvent être utilisés à partir de l’âge de 2 mois. Avant 1 an, deux doses de vaccin de 0,5 ml avec 2 mois d’écart entre les 2 doses et une dose de rappel sont recommandées.
Chez les plus grands, une seule dose de vaccin suffit-elle ?
« La réponse à cette question n’est pour le moment pas connue. Cela dépendra de l’importance de la couverture vaccinale. Les recommandations devront certainement être revues prochainement. Pour le moment, il est primordial de se concentrer sur la primovaccination »
Le médecin généraliste ou le pédiatre ?
Le médecin généraliste voit de plus en plus d’enfants et doit être sensibilisé à la vaccination.
« Le vrai problème, estime le Dr Rodière est, comme pour toutes vaccinations, l’adolescence.
Les adolescents sont démédicalisés en France, ils ne voient ni le médecin généraliste, ni le pédiatre. Cela serait pourtant très utile, bien sûr pour la mise à jour du calendrier vaccinal mais aussi pour la prévention des MST, la vaccination HPV (papillomavirus), la prévention du tabagisme et de l’alcoolisation de plus en plus élevée chez les jeunes ».
Que faire en présence d’un sujet contact avec une méningite ?
La rifampycine est recommandée 2 fois par jour pendant 2 jours en attendant d’avoir l’identification du germe. Si un méningocoque C est identifié, le sujet contact doit être vacciné avec un vaccin antiméningococcique C conjugué. Une immunité satisfaisante est obtenue dans les 3 à 5 jours qui suivent la vaccination.
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