Auditionnées ce jeudi au Sénat par la commission d'évaluation des politiques publiques face aux pandémies, les deux anciennes ministres de la Santé Marisol Touraine (2012-2017) et Roselyne Bachelot (2007-2010) ont distillé, à la lumière de leur expérience, quelques conseils sur la façon de s'organiser face au coronavirus.
Sens de l'innovation
Tandis que la menace de deuxième vague inquiète les autorités sanitaires et en particulier les hôpitaux de PACA, Marisol Touraine a salué la gestion – selon elle réussie – des capacités de réanimation lors de la première vague et la faculté d'adaptation des hôpitaux et des territoires. « L'un des grands succès a été la montée en puissance du nombre de lits dans les hôpitaux et les transferts de malades. La France a fait preuve d'un sens de l'innovation remarquable », a-t-elle lancé.
Interrogée sur le nombre de lits idéal en réanimation, l'ancienne ministre de François Hollande a avancé le chiffre de « 6 000 lits », un « juste niveau » qu'elle a « lu dans la presse ». Selon elle, « on n'a pas forcément besoin de 20 000 lits en réanimation stricte » (hors soins intensifs et surveillance continue). En 2009, la France possédait 6 200 lits de réanimation, 5 000 en 2012 et « un peu plus de 5 000 » en 2013, a-t-elle précisé.
En tant que « défenseur » des agences régionales de santé (ARS), Marisol Touraine a jugé « inconcevable » que ces tutelles régionales n'aient pas une « responsabilité clairement identifiée » en cas de crise sanitaire. L'ancienne ministre a salué les directions générales des ARS, « toutes de très haut niveau » mais a déploré une « difficulté dans les départements, où les délégations [des ARS] sont inégales », ce qui peut poser problème dans la communication avec les préfectures et les élus.
Cabinets médicaux référents
À l’origine de la création de ces ARS (loi HPST), Roselyne Bachelot est intarissable sur ses « bébés », qui ont subi « de plein fouet le coup de poignard de la réforme territoriale (2015), les obligeant à une réorganisation très compliquée ». « Une ARS décloisonnée est une nécessité absolue pour gérer une crise sanitaire », a-t-elle insisté, rappelant néanmoins que les tutelles existantes, âgées de dix ans, ne sont finalement que des « administrations adolescentes ».
Et l'actuelle ministre de la Culture de pousser à « régionaliser », « décentraliser » au maximum pour mieux gérer l'éventuelle prochaine crise. « La création des ARS n'était qu'une première étape vers une territorialisation beaucoup plus intente. Elles étaient la préfiguration des ORDAM » (objectifs régionaux de dépenses d'assurance-maladie, qui n'ont pas vu le jour).
« On n'a pas exclu les médecins de ville »
À propos du rôle de la médecine de ville dans la prise en charge des patients Covid, Roselyne Bachelot a rappelé sa propre expérience avec les libéraux au moment de la grippe H1N1 (2009/2010), qui n'a pas été de tout repos.
« J'étais dans l'impossibilité d'armer les médecins de ville et je le regrette. Comme j'eusse aimé pouvoir le faire ! », a-t-elle lancé. Justifiant sa politique d'alors (les fameux « vaccinodromes »), la ministre est restée droite dans ses bottes : « On n'a pas exclu les médecins de ville ni même douté de leur capacité à vacciner ». Et si c'était à refaire, Roselyne Bachelot aurait « mis la médecine de ville au premier rang » de la vaccination en équipant les « cabinets médicaux référents » de groupe électrogène et de système de réfrigération (pour les vaccins) pour accueillir sereinement des patients. « Je n'ai pas pu mener ce projet à terme pour remettre la médecine de ville dans le fil », a-t-elle indiqué.
Revenant sur ses précédentes déclarations polémiques, Roselyne Bachelot a poussé pour que les professionnels libéraux s'équipent en permanence et « pas uniquement en cas de crise sanitaire » de blouses, gants, et masques. « J'espère que la pandémie actuelle permettra de revenir à ses précautions », a-t-elle cadré.
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