« L'hôpital public n'est pas une entreprise ». Pendant la campagne électorale de 2012, François Hollande promettait de s'affranchir des années Sarkozy et de la loi Bachelot. Marisol Touraine n'aura que partiellement rétabli la confiance avec le secteur public, tout en braquant les cliniques privées.
La ministre de la Santé a pourtant été active au chapitre financier et tarifaire, l'objectif étant de « mettre fin à l'assimilation des hôpitaux avec les établissements privés ». Ce fut chose faite dès les premiers mois de la mandature avec la fin de la convergence tarifaire. En 2015, la loi de santé rétablit le principe du service public hospitalier. Marisol Touraine confirme ensuite l'éclatement de la tarification à l'activité (T2A) intégrale dont François Hollande avait dénoncé la « spirale inflationniste ». Elle crée de nouvelles enveloppes propres à l'activité (soins critiques, soins de suite et de réadaptation, psychiatrie, prestations de médecine dites intermédiaires, etc.) ou à l'établissement (taille, isolement). L'émergence des groupements hospitaliers de territoire (GHT) parachève l'édifice par une recomposition hospitalière, pour l'instant mal accompagnée, de l'aveu même des directeurs.
Les signaux adressés au secteur public n'ont jamais permis de dissiper le malaise, en raison notamment de la forte pression sur les dépenses des établissements tout au long du quinquennat – 2,5 % au mieux en 2014, 1,75 % au pire en 2016. La Fédération hospitalière de France (FHF) s'est agacée à plusieurs reprises des « injonctions paradoxales » d'un gouvernement qui réclame des économies massives aux hôpitaux tout en leur imposant des dépenses « non financées » (revalorisation du point d’indice, mesures catégorielles).
La tension fut particulièrement vive avec les cliniques (modalités du service public, baisses des tarifs, coin dans le secteur II) ces dernières rejoignant en 2015 la fronde des médecins libéraux. Le dialogue entre Ségur et la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) ne sera jamais rétabli.
Souffrance au travail
Marisol Touraine a dû surtout composer avec la réalité de la pénurie médicale à l'hôpital, installée en réanimation, anesthésie, radiologie et aux urgences (un quart des postes vacants). Les démissions de praticiens en burn-out se sont succédé et le quinquennat a été marqué par plusieurs suicides sur le lieu de travail. Les grèves et manifestations d'agents dénonçant une « hôstérité » chronique ont fait la une de la presse locale. La ministre s'est emparée tardivement du dossier des risques psychosociaux, a réclamé des rapports et publié des guides.
Côté carrières médicales, une longue concertation de trois ans a débouché en 2016 sur un plan d'attractivité de 250 millions d'euros (sur trois ans), financé en grande partie par la réduction des dépenses d'intérim. Les PH ont obtenu des primes, des revalorisations en début de carrière, de nouveaux droits sociaux et une certaine reconnaissance de leur temps de travail. Sur le papier, c'est mieux que sous le précédent quinquennat, mais loin des attentes du secteur.
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