LE QUOTIDIEN : Les unités d'urgence neuro-vasculaire pour la prise en charge de l'accident vasculaire cérébral (AVC) se sont développées en France à partir des années 2000. Votre équipe à l'hôpital Bichat a créé dès 2002 la première clinique SOS AIT pour la prise en charge de l'accident ischémique transitoire (AIT). Est-ce à dire que les unités d'urgence neuro-vasculaire ne sont pas adaptées à la prise en charge de l'AIT ?
Pr PIERRE AMARENCO : Les unités d'urgence neuro-vasculaire s'occupent d'AVC et aussi d'AIT... mais aux heures ouvrables. La difficulté avec l'AIT, c'est que, même s'il s'agit de prévention, il faut quand même aller très vite.
Dans l'AIT, qui dure par définition moins d'une heure, le plus souvent quelques secondes ou quelques minutes, le patient est vu en ambulatoire, debout sur ses deux jambes, et non déficitaire. On est très loin de la gestion de la catastrophe qu'est l'AVC, pour laquelle il faut des soins intensifs et tenter sans attendre des mesures de sauvetage, par thrombolyse ou thrombectomie.
Pourtant, l'AIT est une réelle urgence car on sait que le risque de faire un AVC après un AIT est maximal dans les tout premiers jours. Il est recommandé depuis 2008 que la prise en charge de l'AIT se fasse dans les 24 heures mais la durée moyenne de séjour (DMS) pour AIT est de 6,5 jours en France. Pourtant avec un traitement dans les 24 heures, on diminue au moins de 50 % le risque de faire un AVC à 1 an, comme le montre notre récente étude TIAregistry.org
C'est pourquoi il faut créer des structures dédiées à l'AIT. En cliniques SOS-AIT, les patients sont vus dans les 24 heures suivant les symptômes et tous les examens sont faits en moins de trois heures, y compris la nuit.
En quoi consiste la prise en charge de l'AIT dans les cliniques SOS -AIT ? Comment peut-elle s'intégrer dans le système de soins ?
L'idée est que ces filières dédiées à l'AIT soient adossées à une unité neuro-vasculaire existante, pour partager le matériel d'imagerie et les compétences. Au mieux dans une structure attenante d'hôpital de jour. Un numéro vert communiqué aux médecins permet d'adresser les patients. Au bout du fil, une infirmière praticienne aux heures ouvrables, et en dehors le neurologue vasculaire de garde s'assurent qu'il n'y ait plus de symptôme.
Si tel est bien le cas, - car dans le cas contraire, il s'agit d'un accident en évolution, qui doit passer par le 15 - le patient est alors immédiatement admis à SOS-AIT pour des examens sans passer par les urgences. Sont réalisés un ECG, une écho-doppler des artères cérébrales, une IRM cérébrale et si besoin une échographie cardiaque.
Avec ce système, la DMS est inférieure à 1 jour en France. Seuls 25 à 30 % des patients sont hospitalisés, les autres ressortent immédiatement, même en pleine nuit, avec une ordonnance pour un traitement préventif, anti-plaquettaire, anti-hypertenseur, anticholestérolémique ou anti-diabétique selon les cas.
Pour les patients hospitalisés, le traitement sur place peut être une chirurgie de la carotide pour 5-10 % des patients, de réduire une arythmie cardiaque ou des soins très spécialisés en cas de rétrécissement sévère des artères intra-crâniennes.
L'étude TIAregistry.org que vous avez menée à l'international dans 21 pays sur 61 sites montre que ces cliniques SOS-AIT sont implantées partout dans le monde. En théorie, les structures pouvant accueillir une filière dédiée SOS AIT existent en France. Que manque-t-il pour que cela se fasse ?
Les Britanniques n'ont pas attendu. Dès 2008, le NICE a émis des recommandations en ce sens et près de 200 centres SOS-AIT existent aujourd'hui outre-manche, ce qui leur permet d'éviter 10 à 20 000 AVC/an. Le Japon est très actif et la Chine est en train de s'y mettre.
En France, en l'absence de recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), les Agences Régionales de Santé (ARS) ne bougent pas. Actuellement, il n'existe que deux cliniques SOS-AIT, l'une à l'hôpital Bichat, l'autre à Toulouse. On espère que ces nouveaux résultats d'efficacité vont convaincre les autorités responsables de changer les choses.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships