ISF : donnons aussi aux fondations

Publié le 23/06/2010
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Amboise (37)

Dr Jean-Marie de Sinéty

Administrateur de la fondation d’Auteuil

Qui n’a pas, lors de visite à domicile constaté la souffrance sociale et psychique de patients ou de familles entières. Les médecins généralistes sont bien souvent en première ligne pour tirer la sonnette d’alarme auprès des organismes en charge de ces pathologies. L’Etat a depuis longtemps mis en place un système de soins et d’accompagnement pour les victimes de notre société moderne. Cette organisation est renforcée par de nombreuses associations ou fondations qui viennent compléter ce travail en profondeur. Ces organisations vivent essentiellement de lègues et de dons. Il nous faut les aider. La TEPA (Travail, eMploi, Pouvoir d’Achat) permet de donner son ISF à une fondation. A travers ces dispositions fiscales, une collaboration intelligente s’est créée entre l’Etat et les personnes désireuses de donner leur ISF pour une cause qui leur tient à cœur. C’est sans doute l’une des rares situations ou une personne et les pouvoirs publics se donnent la main pour venir en aide aux plus défavorisés.

Prenons l’exemple de la Fondation d’Auteuil, œuvre créée pour venir en aide aux jeunes en difficulté. Elle accueille ou forme chaque année plus de 10 000 jeunes. L’action sociale publique finance, pour ces jeunes, l’indispensable, le fondamental des aides garanties à tous. Mais le don individuel apporte un supplément d’âme, avec le "plus" indispensable pour transformer cette aide « administrative » en soutien humain. Permettant un meilleur encadrement, un suivi plus personnalisé, des innovations dans le soutien pédagogique et social, il multiplie les chances de succès de ces jeunes.

Escaliers de l’espoir

Ce geste de donner a pour objectif un rééquilibrage des chances offertes à chacun. C’est la contribution à une plus grande justice dans notre pays ou l’ascenseur social a du mal à décoller du sous-sol. Donner une seconde chance, lorsque ce n’est pas tout simplement une première, placer des marches sous les pieds des oubliés pour qu’ils puissent remonter à la surface du monde, voilà ce dont il s’agit. En construisant ces escaliers de l’espoir, nous travaillons pour atteindre un meilleur équilibre social et un fonctionnement plus juste de notre communauté humaine. Et nous retrouvons l’objectif de croissance économique et d’emploi qui ne peut être atteint dans une société éclatée.

Les moments de crise et de turbulences économiques et financières que nous vivons sont difficiles pour tout le monde, mais ils sont tragiques pour les plus défavorisés. C’est maintenant qu’il nous faut réinventer une nouvelle philanthropie faisant partie intégrante de la vie sociale et individuelle des plus nantis d’entre nous. "Les nouveaux philanthropes", selon un concept proposé par la Fondation d’Auteuil, définissent ainsi leur propos : " Nous pouvons aujourd’hui donner un sens supplémentaire à notre patrimoine, sans que cela ne déséquilibre notre vie, notre bien-être ou celui de nos enfants. Quand l’intelligence du cœur enrichit ingénierie financière et avantages fiscaux, le don s’inscrit dans une perspective nouvelle et devient philanthropie". C’est dans cet esprit que doit se développer une véritable culture du don.

Il existe des centaines de causes et donc de fondations à soutenir. Les entrepreneurs et les professions libérales se plaignent souvent que l’Etat soit envahissant en France : saisissons la chance qui nous est donnée de confier une partie de notre impôt, non à l’Etat, mais à des structures privées; aidons les à montrer qu’elles savent agir dans le domaine de la solidarité aussi bien, voire mieux que l’Etat.

Saint Privat la Montagne (57)

Dr Jean Daniel Gradeler

Lettre ouverte à notre chère ministre

J’ai reçu ce jour votre courrier du 9 courant. Je note votre confirmation d’un C à 23 euros comme annoncé il y a quelques semaines par le Président de la République. Cela ne fait que la troisième fois qu’une promesse nous est faite concernant le C à 23 euros puisque l’avenant est signé depuis 2007 mais non appliqué par blocage gouvernemental.

Je note au passage que vous accédez à la demande de MG France qui demande le C=CS=23 euros afin de pouvoir utiliser la nomenclature spécialiste. Cela laisse sur le terrain nombre de confrères qui n’auraient pas demandé ou n’auraient pu obtenir leur qualification de spécialiste en médecine générale.

Vous relevez, concernant la convention, que « la négociation n’a pu aboutir fin 2009». Il s’agit d’un doux euphémisme quand on sait le peu de respect des textes législatifs que vous avez manifesté en bloquant les négociations avec les caisses et en indiquant, après quelques tergiversations, que vous préfériez un règlement arbitral. Il me semble quelque peu surprenant que nous ayons à vous rappeler des textes qu’en tant que politique vous avez votés!

Concernant le DPC, je n’ai pas vu de rôle autre que consultatif dans les instances décisionnaires de l’organisme gestionnaire de ce dispositif pour les syndicats médicaux. Dire que cette structure sera paritaire me semble pour le moins exagéré.

Enfin concernant la maîtrise des dépenses de santé je note que vous n’avez fort heureusement pas utilisé le terme «médicalisée». La maîtrise médicalisée a permis de provisionner (je vous cite sur le fait que les fonds sont provisionnés) des économies qui permettraient d’emblée la revalorisation du C. Mais depuis deux ans nous sommes plutôt dans le « toujours plus docteur, toujours plus » que dans le respect d’engagements signés. Vous me permettrez donc d’être quelque peu démotivé quant aux efforts à fournir.

Je m’inquiète fortement pour mon avenir professionnel. Je m’inquiète également pour le système de soins que vous mettez en place car j’aurai certainement, moi ou les miens, un jour ou l’autre à l’utiliser et ce qui se profile, ne va pas dans le sens d’une médecine humaniste et sociale. Mais je doute que les rédacteurs de ces textes aient l’occasion d’avoir un médecin de famille car je ne me reconnais nullement dans l’analyse des problèmes pas plus que dans les solutions proposées.

Les Molières (91)

Dr Jean Hvostoff

Nivellement

La médecine du travail est en crise, les médecins font défaut . Projet gouvernemental pour combler ce manque : recruter des médecins du travail parmi les médecins libéraux.

Les médecins inspecteurs de santé publique dénoncent leur effectif insuffisant, solution : recruter parmi les médecins libéraux.

Nous entrons, semble-t-il, dans une nouvelle ère où les politiques ont décidé de combler le déficit des médecins salariaux par les libéraux, et les libéraux par des professions de santé « intermédiaires ».

Si malgré le détournement de la médecine libérale vers le salariat, le nombre de médecins généralistes nous est annoncé, en théorie, en augmentation, qu’en sera-t-il en pratique du fait que la médecine générale se féminise de plus en plus ?

Actuellement 40% des médecins généralistes sont des femmes, les prévisions prédisent 60 % de femmes dans quelques années et nous savons que la majorité d’entre elles exercent ou exerceront à mi-temps pendant 15 à 25 ans avant d’exercer à temps complet selon le(s) enfant(s) qu’elles auront eu la joie d’élever. Je pense que le gouvernement a ignoré ce problème dans les projections demographiques à dix ou vingt ans. Ce défaut de prise en compte permet déjà de prévoir la persistance, voir l’aggravation de la raréfaction en médecins généralistes.

La politique actuelle est de créer une nouvelle carte de démographie médicale en regroupant les médecins dans des centres ou maisons de santé. Des territoires, englobant 10 à 20 communes, vont être créés et seront desservis par un unique centre médical comportant quelques médecins mais surtout des professions de santé « intermédiaires » (ou médecins génériques à bas prix ?). La politique de santé menée actuellement n’est pas la réimplantation d’une médecine de proximité dans les 10 à 15 ans à venir, cette solution est écartée, inexistante. La politique actuelle en médecine générale a comme seul but la mainmise sur le corps médical en amenuisant la densité médicale afin de mieux la contrôler et l’étatiser, en attirant les étudiants vers le salariat, en regroupant les médecins dans des centres de santé et en discréditant les installations individuelles plus difficiles à assujettir. Le président de REAGJIR (regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) n’envisage-t-il pas déjà que dans 15 à 20 ans 80% des médecins exerceront en groupe. La peur du libéralisme, de l’exercice individuel est enseigné dès le début des études.

Nous assistons à une désorganisation programmée du système de santé français si réputé dans le monde. Dans quel dessein ? Nous assistons également, comme sur le plan santé, à un nivellement par le bas sur le plan social et éducatif - restriction et remplacement des médecins généralistes par des professions de santé « intermédiaires », augmentation des enfants en crèches et diminution des péricultrices dans ces mêmes crèches; diminution des enseignants et augmentation des élèves par classe. Quelle sera la prochaine décision ?


Source : Le Quotidien du Médecin: 8796