LE QUOTIDIEN : François Fillon est accusé par la gauche de vouloir fragiliser le modèle de Sécurité sociale. Partagez-vous cette crainte ?
JEAN-LUC BENNAHMIAS : Je suis très inquiet car ce qu'il propose, c'est clairement la privatisation de la santé ! En dehors des maladies lourdes, on laisserait aux mutuelles privées le soin de gérer la santé, les soins courants. C'est un modèle bien connu… aux États-Unis. La création de la Sécurité sociale dans notre pays n'a pas été une mince affaire. Le système mixte actuel, qui associe assurance-maladie obligatoire et complémentaires santé, doit être défendu même si je lui reconnais des défauts.
En matière d'organisation des soins, vous voulez ouvrir des dispensaires pour désengorger les urgences hospitalières…
Les services d'urgences sont complètement saturés, très souvent pour assumer des pathologies bénignes, faute de coordination entre la ville et l'hôpital. Pour décharger les urgences qui ont d'autres chats à fouetter, je propose d'instaurer systématiquement – à proximité – des centres médicaux ouverts 24 heures sur 24 pour traiter les pathologies courantes. J'utilise le mot « dispensaire » mais cela pourrait être aussi des maisons de santé libérales. Ces structures ont déjà prouvé leur utilité dans les zones rurales ou fragiles en permettant de regrouper différentes spécialités médicales.
Faut-il accroître les effectifs hospitaliers ?
À l'hôpital, les équipes sont débordées. Il faudrait donc mieux répartir le nombre de fonctionnaires au profit de cette fonction publique hospitalière en souffrance. Des moyens devraient être octroyés pour que les personnels puissent rattraper aussi les milliers de jours de RTT cumulés !
Je plaide également pour la revalorisation des revenus des professionnels de santé à l'hôpital public. Infirmiers, aides-soignants ou encore orthophonistes ne sont pas du tout reconnus à leur juste place. Quant aux médecins, je ne dirais pas que leurs revenus sont suffisants mais ils ont au moins la reconnaissance que d'autres non pas.
Dans votre programme, vous proposez aussi la reconnaissance de médecines différentes. À quoi pensez-vous ?
Je suis partisan de reconnaître d'autres pratiques comme la médecine chinoise et l'ostéopathie afin de mieux répondre à la demande de soins de nos concitoyens. Ces pratiques devront être régulées et contrôlées par des structures calquées sur le fonctionnement des Ordres professionnels afin d'éviter des dérives. À terme, je suis pour le remboursement par la Sécu de ces médecines différentes dans le cas où les praticiens prescrivent ces activités.
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