La France est encore un des mauvais élèves de l’Europe en matière de tabagisme, révèle l’enquête Eurobaromètre publiée ce vendredi, l’avant-veille de la journée mondiale sans tabac le 31 mai. Si le tabagisme est en léger recul dans l’Union européenne, (26 % de fumeurs en 2014 contre 28 % en 2012), la France compte un tiers de fumeurs (32 % aujourd’hui, contre 28 % il y a deux ans).
« Il y a 13 millions de fumeurs quotidiens, de 15 à 75 ans. Et 78 000 décès par an », a rappelé le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé (DGS) lors d’un colloque organisé ce 29 mai au ministère de la santé. « Nos objectifs sont qu’en 2032, moins de 5 % des jeunes adultes fumeront ; en 2019, qu’on soit passé de 13 millions à 11,8 millions de fumeurs, et qu’en 2024, on atteigne 9 millions de fumeurs, soit une diminution de 20 % », a-t-il rappelé.
« C’est un objectif ambitieux et réaliste » a assuré Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).
Interdiction de fumer dans les aires de jeux
Marisol Touraine a annoncé le début d’une campagne d’information le 1er juin sur le thème « Profitez de l’été pour arrêter de fumer », invitant les fumeurs à appeler le 39 89 et à télécharger la récente application pour smartphone.
Plusieurs mesures du Programme national de réduction du tabagisme devraient prendre effet prochainement. La ministre de la Santé a indiqué que le décret interdisant le tabac dans les aires collectives de jeux sera publié à la fin du mois de juin, après examen par le conseil d’État.
La ministre a appelé les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration à s’engager dans la démarche « terrasses sans tabac ».
Efficacité du paquet neutre
Le paquet neutre, inscrit dans le projet de loi de santé, devrait arriver sur le marché en mai 2016. « Après l’Australie, l’Europe s’engage ; une coalition anti-tabac se dessine avec le Royaume-Uni, l’Irlande et la France », a dit Benoît Vallet.
Intervenant au cours du colloque au ministère, le Pr Crawford Moodie, de l’Université de Stirling, au Royaume-Uni, a mis en évidence la montée en puissance des études scientifiques depuis 2008. Toutes concluent à l’efficacité du paquet neutre pour réduire l’attrait des cigarettes, augmenter la conscience des risques sanitaires et susciter l’envie d’arrêter de fumer, sans pour autant que soit observée une explosion du commerce illicite.
« Les Français ne sont pas différents des autres », a assuré le Pr Karine Gallopel-Morvan, professeure à l’école de hautes études en santé publiques (EHESP) de Rennes. Depuis 2008 aussi, des études françaises prouvent l’impact du paquet neutre - associé avec des avertissements visibles - sur les croyances (cigarettes perçues comme de moindre qualité, plus nocives) et la norme perçue (gène de sortir un tel emballage devant autrui).
Prix du tabac déterminé par Bercy et le ministère de la Santé
« Ce n’est pas un produit miracle, il faut le combiner avec d’autres mesures comme la hausse des prix », a-t-elle conclu. « Grâce à la loi de santé, les prix du tabac vont être déterminés conjointement par le ministère de la santé et Bercy » s’est réjoui le Pr Vallet.
Parmi les autres mesures de lutte contre le tabagisme, la France est engagée dans le processus de ratification du protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, a rappelé le DGS. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait de sa signature par tous les États membres une priorité : seulement 8 l’ont ratifié, alors qu’il faudrait 40 signatures pour qu’il devienne une loi international.
La cigarette électronique, pas une porte d’entrée pour les jeunes
Les premiers résultats de l’enquête 2015 Paris Sans tabac, auprès de 3 350 élèves, montrent enfin que l’usage de la cigarette électronique se stabilise, après 3 ans de forte augmentation. À 12 ans, 10 % des élèves l’ont déjà expérimentée ; ils sont plus de 50 % à 16 ans. Mais plus 70 % d’entre eux ne l’utilisent pas régulièrement. Moins de 10 % des parisiens de 12 à 19 ans ont un usage régulier. En parallèle, le taux de tabagisme quotidien ou occasionnel a diminué, passant de 20,2 % en 2011 à 7,4 % en 2015 pour les 12-15 ans et de 42,9 % à 33,3 % pour les 16-19 ans.
« La cigarette électronique n’apparaît pas comme un produit de rentrée dans le tabagisme mais comme un produit de remplacement du tabagisme - qui se ringardise - chez les jeunes, à Paris », commente le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue, président de Paris Sans Tabac.
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