LE DÉFICIT démographique attendu dans les toutes prochaines années amène les pouvoirs publics à s’interroger sur la nécessité de créer de nouveaux métiers dans le système de santé. Les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur viennent de confier une mission au député UMP de Meurthe-et-Moselle, Laurent Hénard. « Nous entendons élargir la montée en puissance des professionnels intermédiaires », indiquent Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse dans la lettre de mission du député, qui présidera la mission à laquelle prendront part le Pr Yvon Berland, président de l’Université Aix-Marseille II, et Danielle Cadet, directrice des soins.
Les ministres notent le grand écart entre les durées de formation des professionnels paramédicaux – « qui ont effectué pour la plupart 3 années d’études » – et celles des professionnels médicaux « qui ont effectué dix voire douze ans ». La mission est chargée de « dessiner les métiers et les parcours professionnels de demain, de renouveler les modes d’intervention des équipes pluridisciplinaires en articulant mieux les curs de compétence ». Elle devra déterminer les situations dans lesquelles des professionnels intermédiaires pourraient améliorer l’accès aux soins et la coopération, imaginer leur formation, dire spécialités doivent être développées. Les pouvoirs publics souhaitent également que le rapport, dont ils attendent la remise en octobre, leur apporte des précisions sur les objectifs qui doivent être fixés en la matière. La mission « Hénart » devrait s’appuyer sur les expériences menées à l’étranger. Plusieurs pays ont en effet déjà créé de telles professions. Au Québec, un corps d’infirmières praticiennes spécialisées, a récemment vu le jour. Ces professionnelles sont habilitées à faire des consultations de premier rang et à prescrire des examens diagnostiques, utiliser des techniques diagnostiques « invasives » (ponctions lombaires ou vésicales ou prescrire des médicaments et autres substances (analgésiques, certains antibiotiques et anticonvulsivants...). Leur développement s’effectue de manière prioritaire en néonatologie, néphrologie et cardiologie. En Suisse, des infirmières spécialisées existent sur le même modèle. Ces dernières sont le plus souvent consultées par des patients plus démunis.
Les travaux débutent cette semaine.
La création de professions intermédiaires est une piste évoquée depuis plusieurs années par l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), créé en 2003, et présidé par le Pr Berland. Dès 2004 l’observatoire plaidait pour « un partage différent des compétences entre professions de santé, qui laisse une place plus grande à des professions autres que les médecins ». Dans le cadre des délégations de tâches, l’ONDPS préconisait de réfléchir aux « partages de compétences » – terminologie employée à l’époque – et aux transformations des contours des métiers existants. « Certaines évolutions souhaitées consistent à proposer que divers actes ou interventions actuellement pratiquées par des professionnels de santé, pour des raisons réglementaires soient effectués par d’autres ». Ainsi l’ONDPS était favorable au transfert de tâches mais aussi la création de nouveaux métiers. Plusieurs exemples étaient évoqués : des cyto-techniciens ou des gestionnaires de tumorothèque pour l’anatomo-cytopathologie ; des techniciens en cardiologie ; des techniciens spécialisés dans les épreuves fonctionnelles respiratoires pour la pneumologie...
Une réunion est prévue cette semaine pour préciser le calendrier et la méthode de travail de la mission. « Nous réaliserons des auditions en juin et juillet et nous commencerons à discuter des propositions et à rédiger le rapport à la mi-août pour le remettre fin septembre, confie Laurent Hénard au « Quotidien ». Nous ne partons pas de rien, plusieurs rapports ont abordé ce sujet et je serai entouré d’experts. » Le député entend se placer dans un rôle de « conciliateur » pour mener à bien sa mission.
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