« Il y a une volonté ambitieuse affichée par les pouvoirs publics mais il reste un travail immense à faire si on veut rendre l'innovation lisible pour tout le monde ».
Le Pr Jean-Yves Fagon, délégué ministériel à l'innovation en santé, a affiché un optimisme mesuré, lors d'un récent débat organisé à Paris par le cabinet Nile consulting. Un an après la création d'un guichet d'aide aux porteurs de projet, le service a déjà rencontré une centaine d'entrepreneurs dont 5 % offrent une véritable innovation de rupture. « Ce n'est pas mal », a jugé l'ancien vice-président du comité économique des produits de santé (CEPS).
Mais si les initiatives novatrices en santé sont nombreuses et complexes, leur transformation en véritables innovations bénéfiques à la population reste freinée par de nombreux points de blocage.
Premier obstacle et non le moindre : la notion même de l'innovation. Aujourd'hui, il en existe pas moins de 71 définitions. Mais aux yeux de l'expert, plusieurs éléments communs se retrouvent le plus fréquemment pour en définir le principe : il s'agit « d'une nouveauté qui est tarifée et à laquelle on donne accès au marché », a expliqué le Pr Fagon. Car tout ne peut pas être considéré comme une innovation. « Le fait de rénover un hôpital qui a vingt ans d'âge n'est pas une innovation », a-t-il martelé. Par contre, mettre en place des nouveaux métiers pour lutter contre les déserts médicaux est un exemple d'innovation organisationnelle. Cette confusion est dommageable car elle pénalise, selon lui, le financement des vrais projets de rupture.
Evaluation et coordination à améliorer
La deuxième difficulté réside dans l'évaluation des innovations. Si cette dernière fonctionne pour les médicaments ou les dispositifs médicaux, « ce n'est pas le cas pour les autres domaines comme l'organisation, le numérique, la prévention...», a estimé le Pr Fagon.
Il est donc nécessaire de clarifier et enrichir les méthodes d’évaluation de l’innovation médicale en tenant compte de toutes les dimensions des projets structurants. « Je suis persuadé que la tarification d'une boîte de médicament a de moins de moins de sens. Il va falloir réfléchir à l'évaluation complète du produit en prenant compte notamment du bien être du patient », a ajouté l'expert.
Pour le Pr Fagon, un gros effort reste encore à faire sur la coordination entre les ministères impliqués (Bercy, Santé, Environnement et Industrie) et les acteurs du terrain. « Il faudrait que ces ministères se parlent. C'est juste une décision politique de créer notamment un groupe de coordination à l'instar d'autres pays. Je ne désespère pas », a conclu Jean-Yves Fagon.
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