À l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination fin avril, l’OMS s’alarmait du retard pris dans la mise en œuvre des objectifs en matière de vaccination systématique des enfants dans le monde : Un enfant sur cinq ne reçoit pas les vaccinations de routine qui permettraient pourtant de sauver 1,5 million de vies chaque année. L’OMS déplore en particulier, la stagnation depuis 2010 de la vaccination contre la rougeole et les 114 900 décès liés à la maladie.
En France, la situation n’est pas satisfaisante selon le bilan dressé par le Pr Emmanuel Grimpel. La couverture vaccinale (CV) est satisfaisante pour les vaccins DTP, hæmophilus et pneumocoque chez le nourrisson, celle du ROR progresse malgré l’absence de rattrapage. À l’inverse, celle du HPV (moins d’1/4 des adolescentes ont une vaccination complète), l’extension jusqu’à 24 ans de la vaccination contre le méningocoque C (CV ‹ 10 % à l’adolescence), le rattrapage de l’hépatite B (très mauvais chez l’adolescent) et la stratégie du cocooning pour la vaccination coqueluche de l’adulte sont des échecs. La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) fait le même constat.
Lots défectueux, retrait et tension d’approvisionnement (méningocoque C), procès du vaccin anti-HPV, changements de recommandation (vaccination contre le rotavirus), efficacité modérée du dernier vaccin antigrippal, crise du H1N1, ou encore fausses déclarations de vaccination ont favorisé la défiance du public et en même temps l’hésitation vaccinale des médecins. Le Dr Verger (Observatoire régional de la santé PACA) appelle les pouvoirs publics à s’attaquer d’urgence à ce problème. Dans une enquête menée sur les attitudes et hésitations des médecins généralistes français présentée en avril 2015 par la DREES, l’équipe a analysé les comportements de plus de 1 700 praticiens face à 5 vaccins (rougeole, hépatite B, méningite, papillomavirus et grippe) dans 6 populations cibles pour lesquelles la couverture vaccinale est loin d’être optimale. Deux catégories de médecin se distinguent : Celle qui doute de l’utilité de certains vaccins recommandés par les autorités, et une autre qui exprime des doutes sur la sécurité de certains vaccins. Pour cette dernière, l’étude montre clairement une méconnaissance des rapports bénéfice-risque des vaccins.
Nombreuses propositions
Dans un entretien accordé au « Quotidien », le Pr Pierre Bégué, professeur émérite de pédiatrie, rappelle que « la vaccination demeure un des fondements de la médecine préventive ». Selon lui, une famille sur cinq hésite, ce qui est trop. « Certains médecins ont révélé qu’ils se sentaient complètement dépourvu face à des patients revendicatifs ou hésitants. Les médecins ont probablement des difficultés à naviguer et à faire le tri dans la masse d’information publiée », suggère le Dr Verger. Malgré les 1 300 décès dus à l’hépatite B chaque année en France, seulement un tiers des médecins généralistes « proposent systématiquement » le vaccin anti-hépatite B aux adolescents non vaccinés selon une enquête de InVS.
Les propositions pour augmenter la CV sont nombreuses et parfois controversées. La possibilité d’une délégation de tâche pour la vaccination par les pharmaciens fait débat. Inscrite dans le projet de loi de santé puis rejetée par l’Assemblée, elle est soutenue par l’Académie nationale de médecine. D’autres proposent la vaccination par les infirmières. Autre levier, les actions de communication et d’information à destination des familles visent à contrer les rumeurs de dangerosité non démontrées mais systématiquement utilisées par les ligues anti-vaccin et alimentées par les médias. L’INSERM vient de publier « Vaccination : agression ou protection ? » pour le grand public avec pour objectif d’expliquer le fonctionnement et le rôle des vaccins, leurs qualités mais aussi leurs limites.
Obligation en question
Une réflexion sur le double statut, obligatoire et recommandé, est menée. L’Académie de médecine note que les maladies ciblées par la vaccination obligatoire ne sont plus à l’avant-scène des risques infectieux, alors que d’autres pathologies, dont l’impact de santé publique est « considérable », ne font l’objet que de recommandations. Par ailleurs des valences obligatoires sont associées dans les recommandées dans les vaccins disponibles « rend le calendrier vaccinal difficile à comprendre par le grand public, difficile à appliquer par les médecins et difficile à justifier par les autorités de santé ». Pour l’Académie, abolir l’obligation vaccinale « serait interprété comme l’aveu implicite que les vaccins ont une efficacité et une innocuité discutables », elle propose en revanche d’évoluer vers une « exigibilité des preuves de la vaccination dans un certain nombre de circonstances de la vie », par exemple à l’entrée en crèche, des écoles, dans les métiers de la santé, chez les voyageurs et migrants, en cas d’épidémie. Le Haut conseil de la santé (HCSP) devrait, chaque année, réviser et actualiser la liste des vaccinations exigibles.
Le gouvernement a confié au mois de mars à Sandrine Hurel, députée PS de Seine-Maritime, une mission sur la politique vaccinale afin notamment de faire évoluer le principe de l’obligation vaccinale et de lever les obstacles financiers à la vaccination mais également d’améliorer le taux d’adhésion des Français et des professionnels de santé à la vaccination.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships