Sans préjuger des actions concrètes à venir, inscrire la prévention comme la première orientation stratégique de ce projet de loi, « l’un des socles de notre politique de santé », est en soi un signal fort de changement. Souhaitant éviter l’écueil d’une accumulation de plans et d’objectifs dispersés, la transversalité est affichée comme un gage de cohérence par Marisol Touraine.
À l’origine de ce changement de paradigme, le constat de très fortes inégalités de santé qui ternissent l’image d’excellence du système de santé français. En CM2, les enfants d’ouvriers sont 10 fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadre ; ils risquent dans 5 ans de compter parmi les 30 % de malades du diabète supplémentaires.
Jeunes et précaires d’abord
La jeunesse est érigée comme priorité. Le projet de loi instaure, en lien avec l’Éducation nationale, un parcours éducatif en santé avec la prise en compte de cette dimension dans tous les enseignements de la maternelle au lycée. En famille, l’accent est mis sur l’amélioration de la nutrition : une réflexion est en cours sur l’outil (logo coloré ?) qui délivrerait l’information la plus compréhensible sur les qualités nutritionnelles des produits industriels.
Quant à l’accès aux soins, le projet de loi entérine la possibilité de choix du médecin traitant pour les enfants, généraliste ou pédiatre, qui sera responsable au long cours du suivi du parcours de soins de chaque enfant.
À l’égard des adolescents, vulnérables face aux addictions et conduites à risque, des « moyens » seront mis en œuvre pour lutter contre le « binge drinking ». Les mineures auront un accès sans condition à la contraception d’urgence auprès de l’infirmière scolaire. Le programme national de réduction du tabagisme, annoncé lors du 3e plan cancer, sera dévoilé « prochainement ». « À 17 ans, un jeune sur trois fume tous les jours, et un sur deux en mourra, se désole Marisol Touraine. Chaque année, le tabac tue 73 000 personnes en France ».
Les précaires, « ceux qui sont le plus éloignés des soins », sont le second public prioritaire. La politique de réduction des risques sera développée en milieu carcéral, les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) seront généralisés, et les expérimentations de salles de consommation à moindre risque trouveront dans ce projet de loi une assise législative.
Un nouvel Institut
Pour garantir la transversalité et la coordination des politiques de prévention, Marisol Touraine a annoncé la création du comité interministériel pour la santé. « C’est particulièrement nécessaire dans le champ de la santé environnementale », a précisé Marisol Touraine. De fait, si le diagnostic peut être réalisé par le ministère de la Santé (pollution, perturbateurs endocriniens, etc), les mesures viennent souvent d’autres ministères. Enfin, un Institut pour la prévention, la veille et l’intervention en santé publique, sera installé pour remédier à l’éclatement des agences et rassembler les moyens. Il disposera d’une taille critique suffisante.
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