« Il y a comme un air de famille dans tous les mouvements populistes. » Pour en convaincre son lecteur, Christian Delahaye l’invite, dans son dernier livre, à une revue de détail des mouvements émergents qui secouent actuellement la planète. Et pour ce journaliste (collaborateur du « Quotidien du Médecin ») et spécialiste des affaires religieuses, pas de doute : du « populisme chrétien de Donald Trump » à Vladimir Poutine, « qui se drape dans la tradition orthodoxe », en passant par les références appuyées au catholicisme d’un François Fillon pendant sa campagne 2017, le retour du religieux a incontestablement partie liée avec cette recrudescence.
Évidemment, dès les premières pages de cet essai, on saisit que c’est d’un retour « insidieux, perverti et dévoyé » qu’il s’agit. L’auteur de « l’Alliance contre nature » stigmatisant d’emblée cette « marée noire populiste » qui « charrie des références au christianisme, ou plutôt à un avatar pestilentiel du christianisme ».
Le cadre est posé, place à la démonstration. Qui aime bien châtie bien ? Expert du dialogue interreligieux, Christian Delahaye connaît son caté par cœur et son Église (catholique) sur le bout des doigts. Et, pour lui, l'évolution post-conciliaire de celle-ci ces quarante dernières années n’est pas pour rien dans la dérive identitaire de nombre de fidèles. Le populisme en serait en quelque sorte la résultante funeste.
Au cœur de l'Ancien et du Nouveau Testament
Pourtant, il démontre, avec force emprunts à la Bible et à l’Évangile, que rien dans les écritures saintes ne prédisposait à pareil dévoiement. Le théologien se fait ici exégète pour proscrire toute lecture populiste des textes canoniques. Quitte à avancer sur des interprétations inédites des grands mythes bibliques : le Veau d’or, le Déluge, la Tour de Babel… Ou à embarquer son lecteur pour un voyage dans le temps et sur les bords de la Méditerranée à la découverte des premiers temps féconds d’un christianisme paulinien sans frontières…
Faut-il remonter à cette époque lointaine pour retrouver l’âge d’or d’une Église fondée sur « un cosmopolitisme qui prend à complet rebours les principes du populisme » ? Pas forcément. Christian Delahaye rêve d’une Église ouvrant portes et fenêtres sur le monde. Un aggiornamento (presque) réussi, rappelle-t-il, par le Concile Vatican 2, il n’y a pas si longtemps.
Mais depuis lors que s’est-il passé ? Notre polémiste asphyxie. Et le pamphlétaire de déplorer une Église réduite en nombre et en âme, repliée sur elle-même, recroquevillée sur la régulation de « l’existence intime » et de « la vie personnelle des gens » ; la Manif pour tous jouant pour elle « les mai 1968 conservateurs. » Au grand dam, bien entendu, de l’auteur.
Christian Delahaye, « L’Alliance contre nature - Quand les religions nourrissent le populisme », éditions Empreinte, 282 p., 18 €
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