La santé dans l'élection présidentielle : retour sur les « tops » et les « flops »

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Publié le 21/04/2017
élysée

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Crédit photo : AFP

« Focaliser le remboursement des soins par le régime obligatoire sur les affections graves et de longue durée », et « renvoyer le reste aux complémentaires santé ». En faisant cette proposition radicale lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours de la primaire à droite, François Fillon avait créé le premier « bad buzz » de sa campagne, faisant surgir la santé dans le débat présidentiel. La gauche et le FN accusent aussitôt François Fillon de vouloir « privatiser la santé » et la mesure jette le trouble jusque dans les rangs des Républicains.

En décembre, Éric Woerth (LR) amorce le rétropédalage et assure que « la répartition entre petits et gros risques n'est pas la bonne mesure, car la Sécu vaut pour tout le monde et tous les risques ». La proposition sera écartée du projet dès le mois de mars, le candidat Fillon accusant ses adversaires d'avoir caricaturé sa réforme de la santé.

Conventionnement sélectif, tiers payant généralisable…      

Certains candidats ont tâtonné. « Le conventionnement des médecins sera conditionné à l'installation dans une zone qui n'est pas déjà surdotée » : c’est ce qu'avait annoncé Benoît Hamon lors de la primaire à gauche, une mesure impopulaire dans la profession. Le candidat PS édulcore peu à peu son propos avant de renoncer à toute mesure coercitive lors du débat télévisé du 21 mars… 

Le sort de la réforme du tiers payant obligatoire a également donné lieu à quelques circonvolutions sémantiques. Emmanuel Macron (En Marche !) promeut un tiers payant « généralisable » qui serait proposé « sur la base du volontariat » aux médecins, qu'il prend ainsi soin de ne pas braquer. Mais il ne renonce pas au principe du tiers payant généralisé, jugé bénéfique.

100 % Sécu !

Du côté des « tops » inattendus, l'idée d'une Sécurité sociale universelle (intégrant les complémentaires) a été mise en avant pendant la campagne. Mi-janvier, Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, et Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Sciences-po Paris, cosignent une tribune en ce sens dans « le Monde ». Ils plaident pour « une assurance-maladie universelle » rassemblant la Sécu et les mutuelles, permettant selon eux des « économies substantielles ». Controversée, la mesure est reprise sous diverses formes par plusieurs candidats (Jean-Luc Mélenchon, Jacques Cheminade, Philippe Poutou…). Corollaire direct, la question du reste à charge a été très largement débattue. François Fillon vise un « reste à charge zéro » pour l'optique et les prothèses d'ici à 2022, tout comme Emmanuel Macron.   

Au palmarès santé de la campagne 2017, on retrouve aussi les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) proposées quel que soit le bord politique (Benoît Hamon veut en créer 1 500 de plus, Emmanuel Macron ambitionne d'en doubler le nombre en cinq ans, Nathalie Artaud y est très favorable, François Fillon et Marine Le Pen veulent les développer, etc.).  

Mention spéciale enfin pour la santé publique qui a pesé (un peu) plus que d'habitude. De la consultation de prévention remboursée tous les deux ans pour François Fillon à l’interdiction des perturbateurs endocriniens assumée par Benoît Hamon, du remboursement de l'activité physique prescrite à la revalorisation de la médecine scolaire, sans oublier les débats sur la légalisation du cannabis et l'ouverture de la PMA, plusieurs thématiques de santé publique auront percé dans cette campagne présidentielle.

 

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Source : lequotidiendumedecin.fr