LES DANGERS du méningocoque C, les médecins de la Haute-Vienne les connaissent bien. En effet, en 2007, une vaccination de masse de tous les jeunes a dû être mise en œuvre dans ce département à la suite d’un foyer épidémique. Comme le rappelle le Pr François Denis, cette année-là, l’incidence des infections invasives à méningocoque C (IIM C) était trois fois plus élevée que la moyenne nationale : 1,6/100 000 (1,5/100 000 à Limoges, mais 2,5 pour Limoges et son agglomération) contre 0,3/100 000. En cause le clone ST11, qui se caractérise par sa grande virulence et qui, depuis quelques années, ne cesse de croître dans notre pays. La mortalité au cours de l’épidémie en Haute-Vienne a atteint 43 %, précise le Pr Denis, alors que le taux de mortalité des IIM C est actuellement de 19 %, atteignant 39 % en cas de purpura fulminans, beaucoup plus que celui dû au méningocoque B (9 % et 24 % en cas de purpura).
La mobilisation des médecins de la Haute-Vienne.
Face à cette épidémie particulièrement meurtrière, les autorités sanitaires ont donc décidé de vacciner tous les enfants, adolescents et jeunes adultes de 2 mois à 19 ans résidant dans la Haute-Vienne ainsi que les enfants résidant à l’extérieur du département mais s’y rendant pour un séjour collectif. Les plus jeunes, jusqu’à un an, ont reçu deux injections de vaccin antiméningocoque C conjugué, les plus grands une seule injection. La mobilisation du corps médical a été exemplaire, remarque le Pr Denis : en 15 jours, 72 000 personnes ont été vaccinées, soit une couverture vaccinale de 86 %. Depuis aucune infection invasive à méningocoque C n’a été observée en Haute-Vienne. Mais, comme sur l’ensemble du territoire, il est aujourd’hui impératif de suivre le calendrier vaccinal 2010 qui recommande de vacciner tous les jeunes de 1 à 24 ans révolus. D’abord parce que les nourrissons nés après 2007 ont été peu vaccinés en Haute-Vienne, ensuite parce qu’un certain nombre de jeunes ont échappé à cette campagne de vaccination et parce que les plus petits ayant reçu deux injections avant l’âge de un an devraient avoir un rappel, explique le Pr Denis.
D’autres régions ont été, ces dernières années, confrontées à des épidémies comparables ayant imposé une vaccination. C’est l’une des raisons qui ont conduit le Comité technique des vaccinations (CTV) à proposer, dans le calendrier 2010, la vaccination généralisée, comme elle l’est déjà réalisée depuis plusieurs années dans la majorité des pays européens. La France est aujourd’hui l’un des pays où l’incidence des IIM C est l’une des plus élevée. La décision du Haut comité de santé publique a également été prise en raison de l’augmentation des méningocoques C de clone ST 11 particulièrement virulents.
Obtenir rapidement une large couverture vaccinale.
L’expérience de nos voisins a en outre permis de confirmer l’efficacité spectaculaire de la vaccination, qui, non seulement protège les jeunes vaccinés, mais qui, par un effet « troupeau », bénéficie aux non-vaccinés, notamment les nourrissons. L’intérêt des vaccins conjugués, rappelle le Pr Denis, est de conférer une très bonne mémoire immunitaire et de réduire le portage du méningocoque. Comme l’homme est le seul réservoir de la bactérie, si la couverture vaccinale est très large, l’incidence des IIM C s’effondre. C’est ce qui a été observé au Royaume-Uni, par exemple, où elle a chuté de plus de 90 % dans la population générale, avec la quasi disparition des cas chez les moins de 3 mois. Ces résultats spectaculaires n’ont été possibles que par l’obtention d’une couverture vaccinale de plus de 90 %, note le Pr Denis. Cette vaccination contre le méningocoque C ne s’est pas accompagnée d’un switch capsulaire comme certains le craignaient, autrement dit les méningocoques B n’ont pas remplacé les C et n’ont pas acquis la virulence du C.
Selon le Réseau Epibac, les méningocoques sont responsables de la moitié des méningites bactériennes des jeunes jusqu’à 24 ans. Le sérogroupe C est en cause dans un quart des cas. Les jeunes enfants de moins de 4 ans et les adolescents et jeunes adultes de 15 à 24 ans sont les plus vulnérables vis-à-vis des IIM C. Actuellement, 75 % des souches C appartiennent au complexe clonal ST 11 qui est associé à une plus grande fréquence de purpura fulminans et à un plus mauvais pronostic et dont l’augmentation inquiète les experts.
Autant de données qui justifient pleinement la décision du CTV de recommander la vaccination antiméningocoque C de tous les jeunes de 1 à 24 ans révolus. Le schéma vaccinal est simple puisqu’il se résume à une seule injection et que le vaccin peut être associé à tous les autres vaccins (pentavalent, ROR, antipneumococcique conjugué, hépatite B, HPV…) à condition de réaliser les injections en deux sites différents.
(1) Responsable du Pôle Biologie et Hygiène du CHU de Limoges, Membre de l’Académie Nationale de Médecine
(2) Organisé avec le soutien institutionnel des laboratoires Pfizer
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