UN DÉCRET est attendu ces jours-ci qui détaille la liste des nouveaux indicateurs retenus par les pouvoirs publics – ce sera le premier des 130 décrets d’application de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) à être publié.
En dépit de ces nouvelles annonces, les palmarès hospitaliers des magazines ont encore de beaux jours devant eux. Car de classement officiel validé par le gouvernement, il n’est pas encore question. Les deux sites* Internet à disposition des Français informent sur les moyens déployés pour améliorer la qualité des soins. Pas sur les résultats à proprement parler. Et ce ne sont pas les dernières déclarations de la ministre qui vont changer la donne. « Les nouveaux indicateurs déployés – par exemple la qualité de la tenue du dossier patient – donnent une idée des moyens, pas des résultats », constate un professionnel de santé présent au point presse de la ministre.
Commentaire d’Alain-Michel Ceretti, conseiller santé auprès du Médiateur de la République : « Le mouvement va dans le bon sens, il y a une prise de conscience réelle chez les médecins, mais changer les habitudes individuelles reste difficile. Un seul hôpital, celui de Montluçon, a réussi à interdire le port des bijoux. Si on arrive à faire cela, le reste – lavage des mains, désinfection du site opératoire, etc. est acquis. Il faut accélérer le mouvement et donner les informations par service hospitalier ». En 2007, 159 établissements de santé n’avaient pas surveillé les infections du site opératoire ; en 2008, ils n’étaient plus que 38. Quatre fois moins. « Mais en 2007, nous avions leur liste. Pas en 2008. Nous cache-t-on quelque chose ? », s’interroge Alain-Michel Ceretti. Le ministère de la Santé n’a pas voulu stigmatiser les mauvais élèves, est-il expliqué.
Les autorités travaillent à la mise au point d’un indicateur de mortalité, a par ailleurs précisé la ministre de la Santé mercredi. Il devrait être disponible au début de 2010. En France, c’est inédit. La méthodologie soulève bien des questions, l’interprétation qui en sera faite, aussi. « Attention à ne pas créer des injustices, met en garde Étienne Minvielle, coordinateur du programme COMPAQH (recherche sur le développement des indicateurs qualité) au CNRS. Si un établissement affiche un taux élevé parce qu’il opère des cas sévères, cela peut ruiner sa réputation sans raison. Ce qui importe, ce sont les morts évitables. Cela suppose d’ajuster le taux de mortalité en fonction de la gravité des prises en charge. Techniquement, ce n’est pas simple. »
Le tabou n’est que partiellement levé, puisque – dans un premier temps en tout cas – le public n’aura pas accès à ces résultats-là. « Il n’est pas question de donner l’indicateur de mortalité établissement par établissement tant que la démarche n’est pas entièrement consolidée, précise ainsi Roselyne Bachelot. Nous allons nous en servir comme un levier dans les établissements pour améliorer la qualité des soins. »
* Informations disponibles sur www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/tableau-de-bord-des-infections-nosoco… et www.platines.sante.gouv.fr
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