LE QUOTIDIEN - Que vous inspire la première mouture de la loi de santé ?
LAMINE GHARBI - Je crains un retour de l’hospitalocentrisme. Le texte, tel qu’il est écrit aujourd’hui, interdit tout dépassement d’honoraire pour qu’un établissement puisse participer au service public hospitalier. Quasiment 100 % des cliniques en France ont au moins un ou deux médecins en secteur II. Si cela nous exclut du service public hospitalier, nous retirera-t-on nos missions de service public, nos services d’urgences ? Cette loi signe-t-elle la fin de l’hospitalisation privée ? Nous n’accepterons pas d’être évincés du système de santé. Obliger les cliniques à avoir 100 % des médecins en secteur I est irréalisable et totalement inacceptable. Cette mesure était dans nos pires cauchemars. C’est une atteinte forte à la médecine libérale.
Sous votre impulsion, les cliniques vont-elles faire front commun avec les médecins libéraux pour défendre les dépassements ?
Je n’ai aucun état d’âme à défendre le secteur II. Il faut arrêter de stigmatiser nos amis médecins à ce sujet. Les compléments d’honoraires sont totalement justifiés. Ils sont liés à la politique conventionnelle des gouvernements successifs qui ont bloqué l’évolution des tarifs depuis vingt ans. Ce qui importe, c’est le reste à charge : pourquoi la loi ne vise-t-elle pas le tarif journalier de prestation des hôpitaux publics ? Nous soutenons également nos amis médecins en opposition sur le tiers payant généralisé, parce que c’est banaliser un acte médical, c’est rendre gratuit un acte intellectuel, et ce n’est pas la solution.
Vous êtes donc en phase avec les médecins libéraux.
Complètement. J’ai déjà manifesté à leurs côtés contre l’avenant 8. Le contrat d’accès aux soins est plutôt remis en question aujourd’hui. Peut-être que nous avions vu juste avec les partenaires du Bloc, de l’UCDF et de l’UFML, car l’ensemble des syndicats médicaux se rallient à leur position d’après ce que j’ai compris.
Les médecins sont le cœur, le ciment de notre métier. Nous devons travailler avec tous les syndicats médicaux. Je vais les réunir en urgence ces jours-ci, pour que nous fassions des propositions communes à la ministre de la Santé.
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