LE QUOTIDIEN : Quel bilan faites-vous du quinquennat Hollande ?
LAMINE GHARBI : Les cliniques ont subi une éviction juridique intolérable. Quatre ans de maltraitance… Sur un quinquennat, ça fait beaucoup ! L'exclusion du service public hospitalier (SPH), dans la loi de santé, reste inacceptable. Seuls les établissements aux tarifs opposables peuvent y prétendre, ce qui n'est pas le cas de 90 % des cliniques de MCO. Nous craignons que la distribution de l'enveloppe pour les missions d'intérêt général soit conditionnée à l'adhésion au SPH. Nous allons donc attaquer le décret au Conseil d'État dès sa parution pour interdire cette distorsion de concurrence. La dégressivité tarifaire, qui régule l'activité des établissements, fait ses premiers dégâts. À ce jour, 75 cliniques ont perdu trois millions d'euros cumulés.
Quant au contrôle des bénéfices « raisonnables », dispositif qui permet à l'État d'empocher le résultat de notre travail à partir d'un certain seuil, les pays communistes doivent en rêver ! Je ne supporte pas l'idée de rendre des fonds sur mon activité sauf s'ils sont le fruit d'actes médicaux non pertinents. C'est contre ma philosophie libérale.
Vous avez dénoncé l'impact négatif des campagnes tarifaires sur l'emploi dans les cliniques. Où en est-on ?
Le gouvernement a contribué à la destruction de 4 000 emplois en 2015. Nous avons réclamé à Marisol Touraine le bénéfice du pacte de responsabilité pour dynamiser l'embauche. La création de 600 à 1 000 emplois d'avenir, 1 000 contrats de génération et quelque 500 contrats professionnels étaient sur la table. La ministre a dit non. Nous avons donc déposé un recours contre le pacte de responsabilité, au titre de l'équité ; le privé à but non lucratif en bénéficie.
En quatre ans, plus de cent cliniques ont été fermées ou ont dû se regrouper pour survivre. Une clinique sur cinq est dans le rouge. Avec 1 % de baisse sur les douze dernières années, l'évolution tarifaire est d'autant plus insoutenable que les tarifs des cliniques MCO sont inférieurs de 22 % en moyenne à ceux des hôpitaux. Je suis vraiment inquiet pour 2017.
Le Parlement va voter à l'automne le dernier budget de la Sécurité sociale du quinquennat. Qu'en espérez-vous ?
J'appelle le gouvernement à revenir à la raison. Pour bien faire notre travail, il nous faudrait un objectif de dépenses (ONDAM) à 2,6 % ou 2,7 % au lieu de 1,75 %. 1,2 milliard d'euros sur trois ans ont été débloqués pour les GHT, un milliard d'euros sur deux ans va financer la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires hospitaliers et la consultation des médecins libéraux est portée à 25 euros. Et nous, que nous reste-t-il ?
Nous proposons aux complémentaires santé de financer à hauteur de 250 millions d'euros la création d'un tarif journalier de prestation (TJP), dispositif qui sert de base de calcul au reste à charge du patient après une hospitalisation. Un TJP privé nous ferait gagner 2 % de recettes.
La FHP s'est spécialisée dans la guérilla juridique contre les tutelles…
Faire tourner une clinique MCO nécessite une vingtaine d'autorisations. Au regard de l'investissement, pas question d'accepter des fermetures forcées. Alors oui, nous allons continuer l'opération « 1 000 recours » [Depuis 2015, la FHP-MCO presse les cliniques de saisir les tribunaux contre les décisions des agences régionales de santé, NDLR], qui prospère dans les territoires. Depuis, les ARS font plus attention à bien expliciter leurs arbitrages sur les ressources et les autorisations. Dans la même logique d'aiguillon, nous avons créé le palmarès des ARS. Je ne vois aucune raison de ne pas continuer !
Allez-vous lancer une plateforme politique à l'intention des candidats à la présidentielle, comme la FHF ?
Très certainement. J'émets même le souhaite d'une plateforme commune aux trois grandes fédérations : FHP, FHF et FEHAP (privé à but non lucratif). Nous avons déjà rencontré les six principaux candidats de la primaire à droite. Tous semblent d'accord pour faire en sorte que les mesures vexatoires cessent au prochain quinquennat. Même patient, même soins, même tarif. Voilà ce que je souhaite.
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