Ils sont l’humanitaire au quotidien. Les confrères dont nous parlons cette semaine se sont engagés, souvent près de chez eux, par idéal ou par hasard, mais sans la moindre hésitation. Ils ont en commun de venir en aide aux migrants, parfois au-delà du simple soin, au mépris de leur agenda, de leur revenu, parfois de leur réputation et quitte pour certains à prendre des risques sur le terrain judiciaire. Dans le contexte actuel, il nous a semblé important de braquer les projecteurs sur ces médecins qui ne font que leur devoir, mais à contre-courant de l’opinion dominante.
Voulue par le gouvernement, la relance du débat sur l’immigration révèle en effet une France bien frileuse. Et même si certaines décisions annoncées peuvent être justifiées par la nécessité d’éviter certains réels abus, le climat préélectoral qui les entoure fleure trop la démagogie pour qu’on puisse les accepter sans réserve. Parmi elles, les mesures prises pour limiter l’accès aux soins des étrangers sont particulièrement déroutantes. Qu’il s’agisse de l’aide médicale d’État (AME) des clandestins ou de la couverture maladie (PUMa) des demandeurs d’asile, elles posent un problème éthique et de santé publique. À l’Assemblée, Agnès Buzyn a tenté de faire bonne mesure en défendant un principe de « responsabilité ». Mais sans trop faire illusion : « Ce n’est pas votre histoire, votre tempérament, ce ne sont pas vos convictions profondes », lui a d’ailleurs lancé dans l’Hémicycle le socialiste Boris Vallaud…
L’Ordre à son tour met en garde sur les conséquences tant sanitaires que déontologiques que pourraient avoir les nouveaux délais de carence avant ouverture des droits. Et de s’interroger tout haut sur les conséquences pratiques pour les praticiens : « seront-ils demain contraints, de refuser de soigner cette population ? » Dans ce contexte, les médecins de migrants doivent être perçus comme des lanceurs d’alerte. Ils agissent, souvent dans la discrétion. Mais il faut les entendre.
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